Droits de douane : le FMI baisse en série les prévisions de croissance

Droits de douane : le FMI baisse en série les prévisions de croissance

Trois semaines après l’annonce des droits de douane américains, suspendus depuis pour 90 jours (sauf pour la Chine), le FMI a publié mardi une première estimation de l’impact potentiel de ces tarifs sur les économies. L’institution de Breton Woods annonce une série de baisse de la croissance économique attendue dans plusieurs pays, dont les États-Unis. Ceux-ci voient leurs prévisions ramenées a 1,8% contre 2% prévu en janvier dernier.

Les craintes sont confirmées. Comme les spécialistes s’y attendaient, les droits de douane annoncés par Donald Trump le 2 avril dernier vont bel et bien chambouler l’économie mondiale. En effet, le Fonds monétaire international (FMI) a publié mardi ses nouvelles prévisions de croissance, avec une cascade de repli attendu, sauf pour l’Espagne. Les États-Unis ne seront donc pas épargnés. Ils paieront le prix des mesures suicidaires de leur président.

Le Mexique proche de la récession

Globalement, le FMI s’attend désormais à ce que la croissance mondiale atteigne 2,8 % en 2025, une valeur en retrait de 0,5 point de pourcentage (pp) par rapport à la précédente estimation publiée en janvier. Pour 2026, l’organisation financière table sur une croissance de 3%, un chiffre dévissé de 0,3 point. Chaque pays pris séparément, les États-Unis voient leurs croissance révisée à 1,8% contre 2%,initialement prévu. Quant au Canada, il devrait s’attendre à une croissance de 1,4 %, en baisse de 0,6 pp. Pour sa part, le Mexique, dont l’économie dépend fortement des exportations vers les États-Unis, pourrait se retrouver en récession, avec une contraction de 0,3 % (-1,7 point).

La Chine possiblement touchée par les droits de douane américains

Pour la Chine, le FMI a également baissé les perspectives de croissance de 4,5 % à 4 %. Ce serait la croissance la plus faible de l’empire du milieu depuis 1990. Grande hantise de Donald Trump, la Chine s’est prise 145% de droits de douane. Mais elle ne compte pas se laisser faire et a répliqué avec des tarifs de 125% sur plusieurs produits américains. Alors que Washington multiplie les pressions pour l’isoler de ses partenaires avec des accords distincts, Pékin a prévenu lundi qu’il pourrait infliger des contre-mesures « fermes et réciproques » aux pays qui négocient directement et séparément avec la nouvelle administration américaine.

L’économie de la zone euro plus résiliente aux droits de douane américains

Le FMI a également scruté l’économie de la zone euro. Celle-ci reste relativement moins touchée. Selon l’institution, elle devrait enregistrer une croissance de 0,8 %, soit une révision à la baisse de 0,2 point par rapport aux prévisions précédentes. Si l’Allemagne connaîtra une nouvelle année sans croissance, avant une reprise désormais reportée à 2026, la France enregistrera, elle, une croissance de 0,6 % cette année. Cette prévision est plus faible que celle de la Banque de France et du gouvernement (0,7 %).

Le FMI prévoit une hausse de la croissance de l’Espagne, qui encaisse bien les droits de douane américains

Dans la zone euro, seule l’Espagne, qui a connu la meilleure croissance de l’espace ces deux dernières années, voit sa prévision revue à la hausse. Le FMI prévoit une progression de 2,5 %, le meilleur résultat parmi les économies avancées. Notons enfin que le Japon, une autre grande économie mondiale, devrait connaître une croissance de 0,6 % cette année, en repli de 0,5%. Tokyo espérait une reprise plus marquée en début d’année. On comprend dès lors pourquoi il a envoyé ses représentants négocier avec Washington la semaine dernière.

Le sort de l’économie mondiale entre les mains des États-Unis et de la Chine

Pour le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, qui s’exprimait dans les colonnes du Monde, les pays doivent « remettre à plat le système » d’échanges commerciaux et élaborer de nouvelles règles afin d’apaiser les tensions et retrouver une nouvelle dynamique. Le Français estime d’ailleurs que la suspension des droits de douanes pour de nombreux pays ne va rien changer. Selon lui, elle sera compensée par les tarifs douaniers réciproques que s’infligent la Chine et les États-Unis, locomotive de l’économie mondiale. Il revient donc à ces deux géants de mettre balle à terre pour ne pas écraser tout le monde dans leur bataille.