Droits de douane américains : une opportunité pour l’Inde en Asie ?

Droits de douane américains : une opportunité pour l’Inde en Asie ?

Donald Trump a annoncé mercredi dernier une série de droits de douane contre une soixantaine de pays à travers le monde. Si l’Asie est le continent le plus touché, l’Inde s’en sort plutôt bien avec une hausse de 26% des tarifs douaniers, contre 34% pour la Chine et 46% pour le Vietnam. Une sanction moindre qui pourrait avantager la cinquième économie mondiale face à ses voisins.

Donald Trump n’a pas d’amis. Il frappe sans distinction, partenaires traditionnels comme adversaires historiques. Le mercredi 2 avril, le président américain a annoncé depuis la Maison blanche une série de droits de douane contre une soixantaine de pays, avec un plancher de 10%. Il a parlé de ce jour comme celui de la « libération » après des années de « vols » et de « spoliation » des Américains par les autres États.

Donald Trump impose des droits de douane de façon irrationnelle

Sans aucune base raisonnable, Donald Trump a imposé 50% de droits de douane au Lesotho, petit pays enclavé dans l’Afrique du Sud, 49% au Cambodge, 46% au Vietnam, 34% à la Chine, ennemi juré commercial du dirigeant américain, 25% à la Corée du Sud, 24% au Japon et 20% à l’Union européenne. Comme on peut le constater, l’Asie a pris cher, comme si Donald Trump avait un problème particulier avec ce continent, où de nombreuses entreprises occidentales s’installent pourtant pour des questions de main d’œuvre et de réglementation (plus souple).

Des droits de douane moindres pour l’Inde

Si l’Asie est plus touchée par les droits de douane américains, on constate néanmoins que l’Inde l’est moins, notamment par rapport au Vietnam, alors qu’elle est la cinquième économie mondiale. D’ailleurs les industries pharmaceutique et textile indiennes, les plus puissantes au monde sont épargnées. Comment comprendre cela ? On peut expliquer cette situation d’abord par l’amitié entre Donald Trump et Narendra Modi malgré des divergences. Quoi de plus normal ! Ce sont des dirigeants populistes et nationalistes.

Narendra Modi, un « grand ami » souvent incorrect

En annonçant mercredi les nouveaux droits de douane, Donald Trump a ainsi qualifié le Premier ministre indien Narendra Modi de « grand ami » tout en soulignant qu’il n’avait pas « traité correctement » les Etats-Unis. Outre l’entente relative entre les deux présidents, on peut relever l’existence d’un accord de libre-échange entre New Delhi et Washington, dont une première tranche devrait être matérialisée d’ici l’automne.

L’Inde a déjà fait plusieurs concessions aux États-Unis

Cet accord commercial bilatéral a déjà porté quelques fruits. Il y a eu notamment la réduction des droits de douane sur des produits américains phares comme les motos Harley Davidson, le whisky bourbon et les prises ethernet. L’Inde a également concédé des allègements fiscaux sur les voitures électriques Tesla, qui ambitionne d’ouvrir des concessions dans le pays, l’un des éminents membres des BRICS. Toutes ces mesures ont pesé dans la balance de Donald Trump.

Si plus de pays répliquent aux droits de douane américains, ce ne sera bon pour personne

Grâce à des droits de douane moindres, l’inde pourrait gagner en concurrence en Asie face au Vietnam et à la Chine, le plus grand rival économique des États-Unis. En allégeant la pression douanière sur New Delhi, Washington espère donner un avantage économique à son allié dans la région. Et l’Inde le sait. Ajay Sahai, directeur général de la Fédération des organisations d’exportation indiennes, reconnaît que cela « laisse de l’espace pour gagner des parts de marché ». Il avertit toutefois qu’« à terme, si plus de pays répliquent et que le commerce mondial est affecté, ce n’est bon pour personne ». Mais Donald Trump en tient-il seulement compte ?