Suisse : face au durcissement de la réglementation, UBS cherche la parade

Pour rendre le secteur bancaire suisse moins risqué, Berne envisage de restreindre les activités de la banque d’investissement UBS. Cette limitation pourrait être un moyen de réduire le montant du capital supplémentaire du groupe. Si ce dernier dit soutenir en principe les efforts du gouvernement pour renforcer la stabilité financière, il demande à ce que ces efforts n’imposent pas de lourdes charges. Auquel cas, il pourrait s’exiler.
Trois ans après le rachat de Credit Suisse, pour devenir la seule banque suisse d’envergure mondiale, UBS se retrouve sous l’emprise de la loi. Les autorités helvètes souhaitent rendre le secteur bancaire national plus sûr pour ne pas perdre l’unique fleuron qui leur reste et exposer les clients. Elles tentent donc de durcir la réglementation bancaire.
La FINMA réclame plus de fonds propres que ce que la banque peut apporter
C’est dans ce cadre que l’Union démocratique du centre (UDC), le plus grand groupe parlementaire du pays, a proposé cette semaine de restreindre les activités de la banque d’investissement d’UBS en contrepartie des règles en matière de fonds propres. En effet, après la débâcle de Credit Suisse en 2023, les régulateurs avaient exigé davantage de fonds propres pour rendre le secteur plus sûr. UBS, qui prévoit de mobiliser jusqu’à 19 milliards de dollars, s’était dit prête à ajouter 5 milliards supplémentaires. Mais c’est bien loin des 40 milliards réclamés par la FINMA (l’autorité de régulation des marchés financiers).
UBS tire l’essentiel de ses bénéfices de la gestion de fortune
Ce montant est exigé à la banque pour garantir ses participations dans des entités étrangères avec 100% de fonds propres, contre 60% actuellement. Or UBS tire l’essentiel de ses bénéfices de la gestion de fortune. L’institution redoute que de telles exigences en matière de fonds propres fasse reculer son action en Bourse et l’expose à une offre publique d’achat (OPA) de rivaux comme JPMorgan, Goldman Sachs, HSBC et Morgan Stanley.
Vers un plafonnement des activités de la banque d’investissement d’UBS ?
UBS souhaite donc faire une concession : le plafonnement des activités de sa banque d’investissement. Cette limitation « pourrait être un moyen de réduire le montant du capital supplémentaire qu’UBS devrait détenir », a déclaré Thomas Matter, membre du Parlement de l’UDC. L’élu a annoncé qu’il présenterait son plan dès que possible si le gouvernement proposait qu’UBS capitalise entièrement ses unités étrangères. Il recommandera que la banque d’investissement puisse représenter un maximum de 30 % des activités totales et que les secteurs d’activité soient pris en compte dans la pondération des risques.
Un débat public suisse sur la réglementation
Hors actifs non essentiels et actifs hérités du passé, la banque d’investissement d’UBS représente environ 21 % de ses actifs pondérés en fonction des risques, à la fin de l’année 2024. Ce pourcentage laisse encore une certaine marge de croissance. Mais la division pesait près des deux tiers de ces actifs en 2008, lorsque le gouvernement a dû renflouer l’institution après la crise financière. Cet épisode revient dans le débat public suisse sur la réglementation. Certains doutent qu’un plafond de 30 % puisse contribuer à rendre le paysage bancaire plus sûr.
UBS envisage de prendre le large en dernier ressort
Alors que le débat se poursuit, le ministère des finances a déclaré qu’il prévoyait une analyse coûts-avantages des exigences plus strictes en matière de fonds propres imposées à l’UBS. La banque a répondu qu’elle soutient en principe les efforts du gouvernement pour renforcer la stabilité financière. Toutefois, elle demande à ce que ces efforts n’imposent pas de charges disproportionnées. Son directeur général, Sergio Ermotti, a affirmé que UBS est déjà bien capitalisée et qu’une réglementation excessive désavantagerait à la fois la banque et la Suisse. Certaines sources affirment que le groupe envisage de prendre le large si les règles suisses devenaient trop strictes.