Avions de chasse : les F-35 américains dans le brouillard

Avions de chasse : les F-35 américains dans le brouillard

Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, le boycott des produits américains s’intensifie. Nouvelle victime : le F-35. Des alliés de l’OTAN comme le Canada et le Portugal souhaitent revenir sur des contrats signés avec les États-Unis. Ils envisagent d’annuler les commandes pour voir ailleurs. Mais ce ne sera pas aussi simple que ça.

Les États-Unis se mettent tout le monde à dos, depuis l’élection de Donald Trump à la Maison blanche. Le nouveau président américain ne cesse de menacer à tout-va et de fâcher les alliés traditionnels de Washington. Il brandit des droits de douanes contre le Canada et le Mexique, et veut retirer son pays de l’OTAN. Face à ces velléités, le boycott des produits américains s’intensifie.

Le Canada scrute les alternatives au F-35 américain

Dans le domaine de la défense, plusieurs pays souhaitent revoir leurs contrats avec les industriels américains de l’armement. C’est le cas du Canada. Le voisin subit de plein fouet les droits de douanes et les provocations de Donald Trump, qui veut en faire le 51e État américain. Face à ces velléités, Ottawa a annoncé la semaine dernière qu’il va « reconsidérer » l’achat de 88 chasseurs-bombardiers F-35A, commandés il y a plusieurs années. Aussi, le ministère de la Défense a fait savoir que ses services étudiaient « activement des alternatives potentielles au chasseur furtif F-35 » et qu’il « tiendra des discussions aves les constructeurs d’avions rivaux ».

Une commande de 15 milliards de dollars

C’est en 2010 que le gouvernement canadien, alors dirigé par le conservateur Stephen Harper, a annoncé la commande de 65 chasseurs-bombardiers F-35A auprès du constructeur Lockheed-Martin afin de remplacer les 88 CF-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne (ARC). Mais il a fallu attendre janvier 2023 pour que le Canada officialise la commande pour un montant de 15 milliards de dollars. C’est sans compter les coûts d’exploitation de cette flotte qui s’élevaient à 52 milliards de dollars. Ottawa a préféré le chasseur-bombardier de l’américain Lockheed-Martin au JAS-39 Gripen E/F du suédois Saab, au Rafale du français Dassault Aviation, à l’Eurofighter de l’européen Airbus et au F/A-18 Super Hornet de l’américain Boeing.

Un avion de chasse moderne, fiable et agile

Le ministère de la Défense canadien avait justifié son choix par le fait que « le F-35 est un avion de chasse moderne, fiable et agile utilisé par [ses] plus proches alliés en mission dans le monde entier » et qu’« il s’agit de l’avion de combat le plus évolué sur le marché ». Selon lui, cet appareil permettra de « renforcer les capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance des pilotes ». Ce qui contribuera à améliorer « leur connaissance de la situation et leur capacité de survie dans l’environnement opérationnel actuel très dangereux », avait ajouté le ministère.

En cas d’abandon du F-35, quels choix s’offrent au Canada ?

Mais depuis ce temps, Donald Trump est revenu au pouvoir et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le Canada veut maintenant résilier le contrat même s’il a déjà payé 7 milliards d’avance, pour des chasseurs devant être livrés progressivement entre 2026 et 2028 et être pleinement opérationnels entre 2032 et 2034. Si Ottawa peut toujours revenir sur sa commande, comme l’a suggéré le nouveau président ministre Mark Carney (successeur du démissionnaire Justin Trudeau), quel choix s’offre à lui ?

Il faut l’accord des États-Unis pour acheter la plupart des appareils construits par les Européens

Ne pouvant pas se tourner vers Boeing, un autre constructeur américain, le Canada peut acheter le JAS-39 Gripen E/F du suédois Saab. Mais les États-Unis ont un droit de veto parce qu’ils fournissent notamment le réacteur RM12 de l’appareil. L’autre option c’est l’Eurofighter de l’européen Airbus. Malheureusement là aussi il y a par exemple l’intégration d’un écran large américain dans le cockpit. Il faudra donc également l’accord américain pour le vendre.

Le Portugal veut également remplacer ses F-16 par des F-35

Reste le Rafale de Dassault Aviation. C’est le seul chasseur des alliés totalement indépendant des industriels américains. Ainsi, si le Canada veut se décharger du matériel US, il devrait raisonnement revenir vers le constructeur français. La même équation se pose au Portugal. Lisbonne veut remplacer ses F-16 par des F-35. Mais l’attitude de Donald Trump le pousse aussi à voir ailleurs. Le ministre portugais de la Défense Nuno Melo a toutefois déclaré qu’aucune décision n’était prise à ce jour, alors que le pays organise ce mardi des législatives pour former un nouveau gouvernement.