États-Unis : Donald Trump veut éjecter la Chine du canal de Panama

États-Unis : Donald Trump veut éjecter la Chine du canal de Panama

Depuis son arrivée à la Maison blanche, Donald Trump multiplie les menaces envers le canal de Panama, qu’il veut reprendre pour le compte des États-Unis afin d’évincer la Chine fortement présente dans la zone. Mis sous pression par Washington, le gouvernement panaméen s’est déjà retiré de la Nouvelle route de la soie. Pékin dénonce des interférences honteuses de la part des Américains.

Depuis son élection en novembre 2024, Donald Trump menace ses voisins pour un oui et pour un non. Tandis qu’il brandit sans cesse une hausse des droits de douanes contre le Mexique et le Canada (dont il veut faire le 51e État américain), le nouveau locataire de la Maison blanche menace de reprendre le canal de Panama pour se débarrasser de la présence chinoise dans la zone.

Les États-Unis veulent reprendre le contrôle d’une infrastructure qu’ils ont construite

«La Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l’avons pas donné à la Chine, nous l’avons donné au Panama. Et nous allons le reprendre », a promis Donald Trump, qui veut aussi annexer Gaza afin d’accorder la paix à son allié israélien. Pour rappel, le canal de Panama est un couloir maritime de 80 kilomètres reliant l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. Il évite aux navires un détour de 13 000 kilomètres par l’Amérique du Sud. Une voie cruciale donc !

Du sang et des dollars pour la construction du canal de Panama

Le canal de Panama a été essentiellement construit et financé par les Américains (375 millions de dollars) vers la fin du XIXe siècle. Les États-Unis en ont payé le prix fort avec 16 000 morts sur ce projet. Après la construction, ils ont géré ce couloir maritime jusqu’en 1977, avant de le rétrocéder définitivement au Panama en 1999. Depuis cette année-là, le petit pays d’Amérique en assure l’entretien et le fonctionnement, et encaisse les droits de passage.

Pékin a pris pied dans le canal

Le canal de Panama accueille 40 bateaux par jour et 14 000 par an, soit 6 % du trafic mondial. Le frais de péage moyen s’élève à 100 000 $ pour un navire commercial. Selon les autorités panaméennes, 75% des bateaux qui passent par le canal sont nord-américains, 21% sont chinois. Depuis le retrait des Américains, les Chinois ont pris pied dans la zone. C’est par exemple une entreprise hongkongaise, Hutchison Ports, qui gère les 2 ports placés aux extrémités du canal.

La Chine a beaucoup investi au Panama

Pékin a énormément investi sur place via le programme économique des « Nouvelles routes de la soie ». Ce programme vise à rapprocher la Chine des pays de l’Asie et au-delà (Afrique et Amérique du Sud) en construisant des routes, des chemins de fer, des aéroports, des centrales électriques et d’autres infrastructures essentielles à l’économie. Cette offensive économique a permis des gains diplomatiques avec notamment le volte-face du Panama qui ne reconnaît plus l’indépendance de Taiwan depuis 2016.

Les États-Unis se montrent menaçants

Cette influence grandissante de la Chine inquiète les États-Unis, qui craignent que le géant asiatique ne prenne le contrôle du canal et en bloque le passage en cas de conflits. Par l’intermédiaire de son secrétaire d’État, Marco Rubio, Washington a averti le président panaméen José Raúl Mulino que son pays devait immédiatement réduire l’influence chinoise sur la zone, sous peine de représailles potentielles des États-Unis.

Le Panama se retire des « Nouvelles routes de la soie »

Après avoir un temps rejeté les déclarations de la Maison blanche, les jugeant infondés, le dirigeant panaméen a dû faire un premier geste pour contenter l’administration Trump. Il a annoncé le désengagement de son pays de l’initiative des « Nouvelles routes de la soie » . Par ailleurs, le Panama analyse désormais la pertinence de la prolongation de 25 ans sans appel d’offres du contrat accordé à Hutchison Ports, pour la gestion des deux ports du canal de Panama. Cet audit pourrait conduire à un processus de nouvel appel d’offres.

Le Panama veut adopter une posture équilibrée

S’il revoit les intérêts chinois, José Raúl Mulino cherche avant tout à adopter une posture équilibrée entre ces deux puissances. Il sait qu’il faut préserver les relations avec les États-Unis sans renoncer aux bénéfices des investissements chinois. De son côté, Pékin a fustigé une « coercition » américaine après que le Panama s’est retiré des « Nouvelles routes de la soie ». Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a indiqué que la Chine « s’oppose fermement à ce que les États-Unis diffament et sapent son initiative ». Le jeu d’influence ne fait que commencer.