La Chine et l’Inde débutent une nouvelle ère de coopération
Longtemps opposées à plusieurs niveaux, la Chine et l’Inde tentent ces derniers mois de se rapprocher, contraintes au réalisme économique et politique. Elles ont récemment multiplié les actions de coopération et de détente. Si une alliance entre Pékin et New Delhi devait aboutir, elle changerait la face du monde, en faisant glisser le pole hégémonique de l’Occident ver l’Eurasie.
Le 23 octobre dernier, Narendra Modi et Xi Jinping ont échangé une poignée de main chaleureuse, en marge du sommet des BRICS à Kazan, en Russie. Cette action a scellé officiellement les nouvelles relations entre leurs deux pays, en froid depuis l’affrontement meurtrier ayant opposé en 2020 leurs armées respectives dans les montagnes de l’Hymalaya.
Les deux puissances asiatiques se disputent le leadership du Sud global
Cet incident avait ravivé les tensions déjà fortes entre les deux grandes économies de l’Est. En effet, l’Inde et la Chine se détestent depuis de nombreuses années pour diverses raisons. Elles s’opposent notamment sur les revendications territoriales et le leadership dans le Sud global. En Afrique, par exemple, les deux puissances nucléaires asiatiques se livrent une bataille féroce pour devenir le partenaire privilégié du continent. Elles promeuvent des programmes distincts, chacune tirant parti de ses forces.
La Chine, première puissance économique mondiale
L’Inde privilégie une approche du développement axée sur le capital humain et les transferts de technologies. Mais ses ressources financières sont limitées. Par contre, la Chine dispose d’une importante manne financière, forte de son statut de première puissance économique mondiale. Elle déploie ainsi dans le monde des projets d’envergure (transports, infrastructures, énergie, télécommunications) dont l’impact est visible partout, via surtout l’initiative de la Nouvelle route de la soie.
L’Inde se rapproche de la Chine
Les prouesses technologiques de la Chine dans la 5G, le numérique et l’intelligence artificielle, en font aussi un partenaire de choix. Mais Pékin sait qu’il a besoin de s’ouvrir aux autres pour affirmer son hégémonie, d’autant qu’il n’a pas toutes les cartes en main. Il en va de même pour New Delhi. Contraints au réalisme, les deux géants d’Asie se rapprochent désormais. Ces derniers mois, ils ont multiplié les initiatives dans divers domaines. Des chercheurs indiens ont notamment rencontré leurs homologues chinois à Hong Kong, tandis que les dirigeants d’entreprise négociaient des accords.
Un accord pour résoudre les conflits frontaliers
La Chine et l’Inde ont également traité de sujets sensibles comme les visas, les voyages et la circulation des personnes. Le 19 novembre dernier, elles ont annoncé la reprise du pèlerinage de Kailash pour les fidèles hindous, avec des vols directs entre les deux pays. En outre, les deux parties ont partiellement réglé leurs problèmes de frontières avec la mise en œuvre de l’accord de désengagement du 21 octobre, le long de la frontière dans le Ladakh. Elles prévoient une prochaine réunion entre leurs représentants spéciaux pour lever les derniers obstacles.
La Chine et l’Inde, locomotive de la croissance mondiale
Si la détente se poursuivait, une alliance solide pourrait naître entre Pékin et New Delhi. Cette union changerait la face du monde. Pour rappel, l’Inde et la Chine sont les deux pays les plus peuplés au monde, avec 3 milliards d’habitants à eux. Aussi, elles sont actuellement les 1ère et 3eme économies mondiales en parité de pouvoir d’achat. Et surtout, elles constituent les locomotives de la croissance mondiale. Il faut ajouter à cela leurs immenses réserves de dollars et d’or, ainsi que leurs sources énergie abondantes. De quoi mettre fin à l’hégémonie occidentale ?