France : les agriculteurs se dressent contre l’accord avec le Mercosur
Alors que le prochain sommet du Mercosur doit se tenir du 5 au 7 décembre à Montevideo (Uruguay), les agriculteurs français se mobilisent pour dénoncer cet accord commercial avec les pays d’Amérique latine. Selon eux, ce traité de libre-échange porte atteinte à la souveraineté alimentaire de la France et de l’Europe. Ils appellent le gouvernement Barnier à ne pas le signer.
Les vingt plus grandes économies du monde se sont réunies à Rio de Janeiro, au Brésil, les lundi 18 et mardi 19 novembre. A ce sommet du G20, l’Union européenne et les pays d’Amérique latine ont abordé l’accord de libre-échange qui les lie depuis plus de 20 ans. Mais tout devrait se décider au sommet du Mercosur, qui se tiendra du 5 au 7 décembre à Montevideo (Uruguay).
Le Mercosur s’inspire du modèle du marché commun européen
Depuis 1999, l’Union européenne et le Mercosur négocient un accord de libre-échange visant à renforcer leurs relations commerciales, par la suppression des barrières tarifaires. Fondé en 1991, le Mercosur, (abréviation de Mercado Común del Sur en espagnol et Mercado Comum do Sul en portugais, regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. Il s’inspire du modèle du marché commun européen.
L’Allemagne et l’Espagne soutiennent l’actuel traité avec le Mercosur
Cette année, l’UE souhaite obtenir un accord plus favorable, avec notamment un accès accru à ce vaste marché sud-américain pour y promouvoir ses produits industriels, dont les équipements de haute technologie, les voitures, la machinerie et les produits pharmaceutiques. De leurs côtés, les pays latino-américains veulent écouler plus de bœuf, de poulet et de sucre sans droits de douane en Europe. La Commission européenne, soutenue fortement par l’Allemagne et l’Espagne, pousse pour signer cet accord au plus vite.
Les agriculteurs français et allemands unis
Mais tout le monde n’est pas d’accord. En France, les agriculteurs se mobilisent pour éviter la signature de ce texte. Même chose en Allemagne. Le lundi, plusieurs centaines de tracteurs français et allemands ont même bloqué le pont de l’Europe, qui relie Strasbourg à l’Allemagne. Ce genre de protestation pourrait durer jusqu’au sommet de Montevideo, pour maintenir la pression. Depuis deux jours, des rassemblements ont lieu devant les préfectures et sur des places ou ronds-points en France.
La Confédération paysanne prévoit plusieurs actions
À Montpellier, environ 200 agriculteurs ont accroché des panneaux de localités de l’Hérault sur les grilles de la préfecture. Ils ont aussi déposé du fumier autour de la fontaine des Trois grâces sur la place de la Comédie. La Confédération paysanne, troisième force syndicale, a participé à des rassemblements anti-Mercosur en Aveyron, notamment devant le restaurant McDonald’s de Millau. Toute cette semaine, elle prévoit des actions pour défendre plusieurs sujets discutés avec le précédent gouvernement de Gabriel Attal, dont le revenu des paysans et l’accès au foncier.
La FNSEA a appelé à des manifestations à partir du lundi 18 novembre
La FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, a appelé à des manifestations dans tout l’Hexagone à partir du lundi 18 novembre. Quant à la Coordination rurale, elle attend la tenue de son congrès, ce mercredi, pour amplifier sa mobilisation. Le syndicat promet une révolte agricole avec un blocage du fret alimentaire dans le sud-ouest, s’il n’y a aucune avancée sur le dossier du Mercosur dans les prochains jours.
Les éleveurs dénoncent une concurrence déloyale face aux producteurs du Mercosur
Mais que reprochent-ils au juste à cet accord de libre-échange ? Les agriculteurs européens, en particulier les éleveurs, pointent principalement une concurrence déloyale face aux producteurs du Mercosur. Ceux-ci bénéficient de coûts de production plus bas et de normes sanitaires moins contraignantes, comme l’autorisation d’hormones et de molécules interdites sur le marché européen. L’œstradiol 17ß, par exemple, est interdit sur le Vieux continent, mais autorisé au Brésil. En octobre, le pays a pourtant dû suspendre ses exportations de viande vers l’Europe, suite à la publication d’un rapport de la Commission européenne.
Un débat et un vote sur le Mercosur prévu à l’Assemblée nationale
Contrairement à l’Allemagne, l’Hexagone rejette en l’état le traité du Mercosul. Et il ne serait pas seul à s’y opposer. Emmanuel Macron a affirmé mardi 19 novembre, au G20 à Rio de Janeiro, que la France n’était « pas isolée » en Europe. L’Italie notamment la soutiendrait, en appelant à une révision de l’accord pour aligner les obligations sur celles de l’UE. Alors que plus de 600 parlementaires ont écrit une lettre contre le Mercosur, le gouvernement Barnier a annoncé lundi un débat et un vote sur le traité de libre-échange à l’Assemblée nationale prochainement, au plus tard le 10 décembre.