Semaine de quatre jours : test réussi pour l’Allemagne

Semaine de quatre jours : test réussi pour l’Allemagne
Photo de Campaign Creators sur Unsplash

L’Allemagne vient de publier des résultats satisfaisants de son expérimentation de la semaine de quatre jours. La première économie de la zone euro fait état d’améliorations significatives en termes de bien-être et d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, avec en prime un maintien du niveau de productivité.

Entre mars et septembre 2024, l’Allemagne a testé la semaine de travail de quatre jours dans 45 organisations de divers secteurs (conseil, industrie, IT, santé, médias, etc.). Ces entreprises devaient appliquer au maximum 36 heures hebdomadaires (de 7h à 18h, du lundi au jeudi, avec pause de 2h) au lieu de 40 (7h à 17h, du lundi au vendredi, avec pause de 2h), et cela sans réduction de salaire. Sur cette base, 46% d’entre elles ont réduit leur temps de travail par semaine de 4 heures, 20% de 4 à 7 heures et 34% de plus de 7 heures.

La semaine de quatre jours maintient la productivité

Premier enseignement : en dépit d’une réduction du temps de travail hebdomadaire, le niveau de production est resté stable. Autrement dit, le chiffre d’affaires et le bénéfice n’ont pas baissé. Certaines organisations ont même enregistré une hausse des performances. Un tel constat bat en brèche l’idée selon laquelle c’est le volume horaire qui fait le chiffre d’affaires d’une entreprise.

Mais comment ces sociétés ont-elles réussi à maintenir leur niveau de production sans que cela n’affecte la charge de travail pour leurs salariés ? Elles ont simplement réduit les distractions (65%), amélioré leurs processus (63%), repensé les réunions (52%), eu recours à des solutions de digitalisation (25%) ou boosté les périodes de concentration (32%).

La semaine de quatre jours améliore le bien-être général

Avec ces précautions, 90% des entreprises ont constaté une amélioration du bien-être général de leurs employés après avoir adopté les 36 heures en 4 jours. Elles font part d’une réduction du stress, d’une meilleure santé mentale et d’un gain moyen de 38 minutes de sommeil par semaine. Les salariés ont également rapporté une augmentation de leur activité physique. Grâce au jour off supplémentaire (vendredi), ils ont pu redécouvrir des loisirs ou des hobbies, prendre soin d’eux et multiplier les interactions sociales.

Au niveau des indicateurs RH, les employeurs allemands relèvent une baisse de 11 points du taux d’absentéisme sur la durée du pilote. Par ailleurs, 53% des dirigeants estiment que cette expérience a eu un impact positif sur la rétention de leurs collaborateurs. Une bonne nouvelle, puisque le monde professionnel est confronté à une pénurie de travailleurs qualifiés. Cette flexibilité dans le travail peut d’ailleurs attirer de nouveaux talents.

La France lance son propre pilote en décembre

Face à ces résultats satisfaisants, 73% des entreprises qui ont participé à l’expérimentation ont décidé de pérenniser la semaine de quatre jours. Mais 20% disent qu’elles vont arrêter ce mode d’organisation du travail pour revenir à une semaine de cinq jours, à cause de contraintes économiques. Et 10% restent indécises.

Cet essai se présente comme un baromètre pour les autres pays. En Europe, certains Etats expérimentent aussi ce dispositif, comme l’Espagne. Qu’en est-il de la France ? L’Hexagone s’apprête à lancer son propre pilote, en décembre prochain. Mais déjà, 150 entreprises ont fait le choix de passer à la semaine de quatre jours. D’ailleurs, 70% des Français y seraient favorables. Un rapport parlementaire publié il y a quelques jours donne quelques bons points à cette organisation du travail.