Micro-ARN : quelle est cette molécule au cœur du prix Nobel de médecine ?
Victor Ambros et Gary Ruvkun ont reçu le prix Nobel de physiologie et de médecine, plusieurs décennies après leurs travaux sur le micro-ARN. La découverte de cette classe de biomarqueurs ouvrirait des pistes pour la recherche de nouveaux traitements, notamment contre les tumeurs cancéreuses. Mais que sait-on au juste de cette catégorie de petits ARN ?
Le prix Nobel de physiologie et de médecine a été décerné, le lundi 7 octobre, aux chercheurs américains Victor Ambros et Gary Ruvkun pour leur découverte des micro-ARN, de minuscules molécules présentes dans nos cellules. L’un des lauréats a découvert ces biomarqueurs dans un ver en 1993, et l’autre a confirmé leur présence chez l’homme en 2000. Ce prix qu’ils reçoivent plusieurs années après leurs travaux témoigne de la reconnaissance de la communauté scientifique à un moment où leur découverte ouvre le champ des possibles.
Le micro-ARN fait partie de l’ARN dit « non codant »
Mais qu’est-ce que le micro-ARN ? Pour le savoir, il faut remonter le fil conducteur, jusqu’à l’ADN. L’ADN ou acide désoxyribonucléique est une longue double chaîne constituée de petites molécules, les nucléotides. Présent dans presque toutes les cellules, il détermine ce que nous sommes. L’ARN ou acide ribonucléique, lui, est une molécule synthétisée par notre organisme à partir des gènes rassemblés dans notre ADN. Il permet la synthèse des protéines nécessaires au fonctionnement de nos cellules. Pour son rôle d’intermédiaire, on l’appelle ARN messager.
Découvert en 2000 chez l’Homme
Quant au micro-ARN, il fait partie de l’ARN dit « non codant ». C’est à dire qu’il n’est pas traduit en protéines. Mais il a une fonction. Il forme une part intégrante de la régulation de notre génome. Ce petit ARN simple brin a été découvert pour la première fois en 1993 par Victor Ambros dans un ver rond d’un millimètre appelé C. elegans. Puis en 2000, Gary Ruvkun a identifié ce même mécanisme chez l’humain, ouvrant la voie à un nouveau pan de la génomique. Mais leurs travaux ne seront pas salués dans l’immédiat comme une avancée majeure. Il aura fallu plus de vingt ans pour les récompenser comme il se doit.
Les micro-ARN peuvent aider à développer de nouveaux traitements
Si la connaissance des micro-ARN permet déjà de mieux comprendre notre génome, elle ouvre aussi et surtout des pistes pour la recherche de nouveaux traitements, notamment contre les tumeurs cancéreuses, les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Dans le cas du cancer, en particulier, on sait aujourd’hui que certaines de ces molécules sont très efficaces pour désactiver les cellules cancéreuses. Elles pourraient même servir comme traitements à part entière.
Possibilité de les utiliser comme biomarqueurs
Depuis plusieurs années, les entreprises de biotechnologie veulent exploiter ces pistes afin de développer de nouvelles stratégies thérapeutiques. Elles étudient aussi la possibilité d’utiliser ces micro-ARN pour mettre au point de nouvelles méthodes de diagnostic précoce pour certaines maladies, en tant que des biomarqueurs. En récompensant Victor Ambros et Gary Ruvkun, le jury du Nobel souhaitait sûrement mettre un coup de projecteur sur ces recherches et les encourager.