Inondations : la bétonisation des sols un facteur aggravant
Des inondations ont noyé une grande partie de la France la semaine dernière. Si le réchauffement climatique est considéré comme le premier responsable, d’autres facteurs ont certainement contribué à la survenue de ces crues. Notamment la bétonisation des sols et les nouvelles constructions sur les terres agricoles situées en périphérie urbaine.
Le jeudi 17 octobre 2024, un épisode de pluies intenses a noyé une grande partie de la France, dans un contexte propice aux crues. Dans le sud-est, notamment, plusieurs records ont été battus, comme à Vialas (Lozère) qui a enregistré 711 mm de précipitations. Météo France a même dû placer certains départements en vigilance rouge, dont les Bouches-du-Rhône, le Puy-de-Dôme, le Gard, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Le changement climatique pas le seul responsable des inondations
Selon le Premier ministre Michel Barnier, la France n’avait pas connu de précipitations aussi fortes depuis plus de quarante ans. Agnès Pannier-Runacher parle, elle, d’un épisode « jamais vu de mémoire d’homme ». La ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques a estimé que ces pluies torrentielles étaient « liés au dérèglement climatique » et a prévenu qu’elles allaient « se répéter » dans les années à venir.
Michel Barnier a tenu le même discours, en affirmant qu’« on doit se préparer, avec le changement climatique, à faire face à des risques et catastrophes de plus en plus souvent ». Il pense néanmoins que « la prévention coûte moins cher que la réparation ». L’observatoire Copernicus impute également ces épisodes de pluie intense au changement climatique, en notant au passage que septembre 2024 a été le 2e mois de septembre le plus chaud jamais enregistré.
Il y a aussi l’artificialisation des sols
Si le réchauffement climatique provoque indéniablement des crues et des inondations, l’artificialisation des sols et les constructions sur les terres agricoles constituent un facteur aggravant. Des spécialistes alertent sur ce phénomène depuis plusieurs années. Ils dénoncent une incurie politique ayant conduit des responsables locaux à artificialiser des terres agricoles situées en périphérie urbaine.
Sur RMC, l’hydrologue Laurie Caillouet a souligné le problème de la canalisation des rivières, qui fait que l’eau n’a plus qu’un seul chemin où passer, d’où les inondations dans les champs. Aussi, selon elle, la bétonisation des villes ne permet plus aux sols d’absorber l’eau, dont le ruissellement peut causer des éboulements de terrain. Elle appelle à mettre fin à ces pratiques aux abords des rivières et des zones inondables.
Un moratoire sur la construction ou l’extension de nouvelles surfaces commerciales ?
Amandine Richaud Crambes, ingénieure environnement et urbaniste, pense également qu’« il faut enlever des constructions et arrêter l’étalement urbain ». Elle souhaite l’adoption d’un moratoire sur la construction ou l’extension de nouvelles surfaces commerciales situées en périphérie urbaine car la France en aurait déjà assez. L’Hexagone compte plus de 800 centres commerciaux s’étalant sur plus de 17 millions de m².
Chaque année, déplore-t-elle, la Commission Nationale d’Aménagement Commercial valide de nouveaux projets occupant entre 2 et 3 millions de m² supplémentaires d’espace commercial. Pourtant, 92% des Français estiment que leur pays est suffisamment doté en hypermarchés, notamment en périphérie urbaine, d’après un sondage exclusif mené en janvier 2018 par l’IFOP pour le compte d’Agir pour l’Environnement.
De la nécessité de conjuguer plusieurs efforts pour réduire les innondations
A défaut de tout stopper, Amandine Richaud conseille de repenser l’urbanisation des villes et des campagnes. Sans un arrêt du bitume ou du béton, la seule lutte contre le réchauffement climatique pourrait ne pas donner des résultats satisfaisants. Il n’y a pas de solution unique. Il faudra conjuguer plusieurs efforts, par exemple en curant aussi les canalisations, en désartificialisant les terres et en recreusant. C’est ainsi qu’on pourra réduire les dégâts causés par les crues, appelées à se répéter.