Frénésie du secteur de la construction en Côte d’Ivoire
Le pays d’Afrique de l’Ouest est littéralement couvert de chantiers en tout genre, qui doivent permettre d’offrir aux acteurs économiques les infrastructures nécessaires pour assurer leur développement à court et long terme. Une dynamique portée par les plus hautes autorités du pays, à l’image du premier ministre Patrick Achi, qui vient d’inaugurer un nouveau terminal au port de San Pedro.
Deux quais multifonctionnels de plus de 200 mètres linéaires chacun, 14 hectares d’emprise, 630 000 mètres cubes de sable dragués, des grues géantes montées sur 80 roues chacune, 131 milliards de francs CFA, trois ans de travaux, 700 ouvriers logés 24h/24 sur place… : les chiffres du nouveau terminal industriel polyvalent de San Pedro (TIPSP) sont impressionnants pour une infrastructure portuaire africaine. Un projet officiellement inauguré par le premier ministre ivoirien, Patrick Achi le 14 septembre dernier.
Une inauguration, et un message : la Côte d’Ivoire compte s’imposer comme le leader économique pour les 130 millions d’habitants de l’Union Économique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) et les 400 millions d’habitants de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO). Et pour réussir cette stratégie, une frénésie de constructions d’infrastructures portuaires, routières ou de télécommunication s’est emparée du gouvernement ivoirien… Objectif : faire du pays un hub régional, voire mondial.
La Côte d’Ivoire, un hub régional
Enfin achevé, le TIPSP « vient renforcer les activités du port et ses liaisons avec les autres pays, par un système portuaire performant, facilitant l’accès des régions sans littoral à des services de transport fiables, à des coûts abordables et dans des délais de transit intéressants. Cela contribuera à la création de nombreux emplois, en particulier pour les jeunes de notre pays, mais aussi chez nos partenaires régionaux » selon les mots de Patrick Achi. Car le port de San Pedro, avec sa capacité d’exploitation de 50 millions de tonnes de marchandises, peut maintenant devenir un véritable pôle d’intégration régional pour les économies de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Libéria et de la Guinée.
Construit et géré par le groupe Arise Ports & Logistics, le TIPSP sera principalement tourné vers le commerce de produits miniers en vrac (manganèse, gypse, clinker, etc.), mais aussi vers celui des engrais, des hydrocarbures ou encore de l’huile de palme. Second port du pays après celui d’Abidjan, San Pedro est également le premier port cacaoyer au monde et devrait, avec son nouveau terminal, s’imposer comme le premier port de transbordement de la région. Autant d’objectifs ambitieux qui ne représentent cependant qu’une simple étape dans la course effrénée de la Côte d’Ivoire, dont le Premier ministre a martelé le souhait des autorités d’accélérer tous les projets d’infrastructures dans les secteurs clés des transports, des réseaux d’énergie ou encore des télécommunications.
Des projets à foison
Les projets d’infrastructures poussent en effet dans tout le pays. Le port d’Abidjan a ainsi inauguré, à la fin du mois d’août, un second terminal à conteneurs, qui avec ses six portiques de quai et treize portiques de parc dotés des technologies les plus avancées « matérialise les engagements et les investissements pris par Côte d’Ivoire Terminal pour accompagner la hausse des volumes et dynamiser les flux imports et exports en Afrique de l’Ouest », selon un dirigeant de Bolloré Ports. « Ce projet ambitieux atteste de l’engagement continu du gouvernement ivoirien pour développer les infrastructures portuaires en Côte d’Ivoire et viendra favoriser l’accroissement des échanges régionaux dans la sous-région », s’est quant à lui félicité Hien Yacouba Sié, le directeur général du port autonome d’Abidjan.
Toujours à Abidjan, mais cette fois sur l’eau, c’est une flambant neuve « Unité flottante de production d’électricité » – une sorte de centrale-bateau – qui devrait bientôt être opérationnelle. D’une capacité de 202 mégawatts (MW), cette usine flottant sur la lagune devrait entrer en service d’ici à avril prochain, rejoignant les innombrables infrastructures électriques qui ont, entre 2011 et 2019, augmenté la capacité de production en électricité de la Côte d’Ivoire de 60%. Des efforts qui contribuent à ce que 80% des zones habitées du pays soient aujourd’hui électrifiées et à ce que plus de neuf Ivoiriens sur dix (92%) aient désormais accès à l’électricité. Ici aussi, l’objectif des autorités ivoiriennes est de faire du pays un véritable « hub énergétique » du sous-continent, avec une puissance électrique installée de 6 000 MW à l’horizon 2030.
Et ce n’est que le début. Abidjan, la capitale économique du pays, est ainsi le théâtre d’une frénésie de projets en tout genre : du port, qui vise les 3 millions de conteneurs traités par an, au métro, un projet pharaonique cher au président Alassane Ouattara, dont les premiers wagons devraient rouler en 2025, en passant par le luxueux complexe de la baie de Cocody – relié au quartier administratif du Plateau par un nouveau viaduc, lui aussi en construction – ou encore par le chantier du quatrième grand pont d’Abidjan, long de plus de sept kilomètres, les projets d’infrastructures se multiplient au sein du centre névralgique de la Côte d’Ivoire.
Le président du football africain « rassuré » par les infrastructures ivoiriennes
Autant de chantiers qui, s’ils s’inscrivent dans une volonté politique de développement global et à long terme au service des Ivoiriens, répondent aussi pour partie à un impératif bien plus pressant : l’accueil, en Côte d’Ivoire, de la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football. L’évènement se déroulera l’année prochaine et, à cette occasion, le président de la Confédération africaine de football, Patrice Motsepe, s’est en avril dernier dit « rassuré par les différentes infrastructures (…) mises en place pour accueillir la compétition » – au premier rang desquelles pas moins de six stades, nouvellement sortis de terre ou rénovés. Un satisfecit qui devrait encourager les dirigeants ivoiriens dans leur volonté de doter leur pays des meilleures infrastructures.