Bruno Le Maire estime que les lignes directrices de l’UE en matière de dette sont « obsolètes »
Les lignes directrices de l’UE en matière de dette pour les États membres sont « obsolètes » et doivent être repensées pour refléter les prix des pandémies, des guerres et de l’inflation croissante, a averti le ministre français des Finances Bruno Le Maire.
Bruno Le Maire a déclaré qu’un « nouveau modèle économique » était en train de se mettre en place en Europe avec l’explosion des dépenses publiques et a affirmé que toute distinction entre les États membres du nord de l’UE « frugaux », menés par l’Allemagne, et les pays du sud, prodigues, était désormais sans rapport.
« Y a-t-il un seul État en Europe, dans la zone euro, qui ait laissé ses citoyens seuls face à l’inflation ? Pas un seul », a déclaré M. Le Maire dans une interview. « Ce concept d' »États frugaux » est mort depuis longtemps. Les Pays-Bas ne sont pas particulièrement frugaux. L’Allemagne n’est pas particulièrement frugale. Ils dépensent autant que nous pour protéger leurs citoyens de l’inflation. »
L’insistance du ministre français sur la nécessité d’une nouvelle réflexion financière au sein de l’UE – compte tenu de la nécessité d’investir massivement dans les énergies renouvelables pour lutter contre le changement climatique local et d’augmenter les dépenses de défense après l’invasion russe en Ukraine – contraste avec les vues plus frugales de Christian Lindner, le ministre allemand des finances.
M. Lindner a déclaré en mai que l’UE devait devenir « plus forte, et non plus douce » pour réduire la dette publique.
Mme Le Maire a concédé que l’UE devait néanmoins limiter la dette publique et les déficits annuels des États membres, un ensemble de nécessités souvent appelé « pacte de stabilité et de progrès ». Mais ces fondements, qui ont été suspendus pendant la pandémie et qui sont censés limiter la dette publique d’un pays à 60 % du produit intérieur brut, « doivent être repensés », a-t-il déclaré.
« La règle de la dette est obsolète, simplement parce que vous avez un écart de plus de cent points de pourcentage entre un pays et un autre dans la même union monétaire [la zone euro] », a-t-il déclaré. Ce qui est vital maintenant, a-t-il ajouté, c’est la trajectoire de la réduction de la dette.
La suspension du pacte de stabilité et de progrès a été prolongée jusqu’à la fin de 2023 en raison de la guerre et de la prochaine poussée d’inflation. La dette publique de l’Allemagne, qui représente 69 % du PIB, dépasse les limites fixées par l’UE, tandis que celle de la France atteint 113 %, celle de l’Italie 151 % et celle de la Grèce 193 %, selon les statistiques de l’UE.
Les investisseurs sont de plus en plus nerveux quant à la stabilité financière de l’UE. L’augmentation récente des écarts entre les prix des emprunts de plusieurs pays a suscité des craintes quant à un nouveau désastre de la dette de la zone euro. La Banque centrale européenne a accepté de mettre en place de nouvelles polices d’assurance pour contrer toute vente injustifiée des obligations d’un pays.
M. Le Maire a défendu l’objectif de l’UE de maintenir les déficits budgétaires en dessous de 3 % du PIB. Il a déclaré que les plans pour la France prévoyaient une diminution de la dette publique à partir de 2026 et une réduction du déficit à moins de 3 % en 2027, alors que la prévision de déficit de cette année est de 5 %.