France : la croissance du secteur manufacturier ralentit
Deux indicateurs majeurs de la confiance des entreprises en septembre ont été publiés aujourd’hui et ils aboutissent tous deux à la même conclusion : la croissance économique ralentit en France, en particulier dans le secteur manufacturier.
Les difficultés d’approvisionnement pèsent sur le secteur industriel
Le climat des affaires dans l’industrie, tel que mesuré par l’INSEE, a baissé plus que prévu en septembre, passant de 110 en août à 106, en raison d’une baisse du sentiment sur la production des trois derniers mois et sur la production future dans presque tous les secteurs de l’économie française. L’indicateur est à son plus bas niveau depuis cinq mois et au même niveau que le dernier blocage. Il est intéressant de noter que l’évaluation des carnets de commandes étrangers par les fabricants a fortement chuté et est même passée en dessous de la moyenne de long terme. Cela illustre le ralentissement général de la croissance économique mondiale et les difficultés persistantes sur les chaînes de production, qui limitent la demande et la production de biens industriels, notamment de biens d’équipement. Le recul des carnets de commandes étrangers est également pénalisé par les difficultés actuelles du secteur automobile, confronté à une aggravation de la pénurie de semi-conducteurs qui contraint les entreprises à des fermetures temporaires.
Le climat des affaires dans l’industrie a baissé plus que prévu en septembre
Par ailleurs, l’indice Markit PMI pour le secteur manufacturier, qui s’est établi à 55,2 en septembre contre 57,5 en août, est le plus bas depuis huit mois. Les indices mettent à nouveau en évidence une augmentation des délais de livraison des fournisseurs. Les délais de livraison n’ont jamais été aussi longs et s’expliquent, selon les entreprises répondantes, par les pénuries de matières premières et de composants, les transports et les fermetures de ports en Asie, combinés à une forte demande.
Les indices PMI indiquent un ralentissement de la croissance.
Une hausse de l’inflation est attendue
Ces difficultés d’approvisionnement entraînent une hausse des prix payés par les fabricants, qui devrait être répercutée sur les prix de vente, poussant l’inflation à la hausse à partir de septembre et probablement aussi pour les prochains mois. Nous pensons que cet effet sera plus que temporaire et que la hausse de l’inflation devrait être répercutée, en partie, sur les salaires, prolongeant ainsi la période de hausse de l’inflation. Du fait de son mix énergétique à 70% nucléaire, la France est néanmoins moins exposée aux risques de forte hausse de l’inflation en hiver que d’autres pays européens fortement dépendants du gaz.
Un secteur des services qui se porte bien
Dans le secteur des services, le climat des affaires se porte mieux et a même progressé en septembre pour atteindre 110 (contre 109 en août). Les chefs d’entreprise sont plus optimistes, notamment en ce qui concerne l’activité et la prévision de la demande pour les trois prochains mois. Cela illustre que le secteur des services se porte bien et sera probablement le moteur de la croissance économique française au troisième trimestre. Après des mois de restriction où la consommation des ménages s’est concentrée sur les biens de consommation, le second semestre 2021 verra un déplacement de la demande des consommateurs vers les services. Cependant, le pic de ce déplacement a probablement eu lieu pendant l’été et la croissance de la demande de services est déjà en baisse, comme l’illustre le PMI Markit pour le secteur qui s’est établi à un niveau très élevé de 56,0 en septembre, mais en baisse par rapport à 56,3 en août.
La normalisation au centre des perspectives
Après un excellent premier semestre et un très bon été, le pic de croissance est passé en France et la croissance ralentit. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, celle de la normalisation après le rattrapage post-confinement. Cela ne signifie pas qu’il faille être pessimiste, après tout, la France devrait facilement dépasser les 6% de croissance cette année, mais cela implique que les limites et les risques seront de plus en plus visibles dans les mois à venir. Parmi ces risques, le plus important pour l’instant semble être celui des difficultés d’approvisionnement. Mais d’autres risques comme l’inflation ou les difficultés de recrutement ne sont pas non plus négligeables.