Un ministre français appelle l’Irlande à reconsidérer son taux d’imposition des sociétés
Dans une lettre ouverte, M. Beaune conseille à l’État de ne pas être considéré comme « réticent à accepter une fiscalité équitable ».
Le ministre français des Affaires européennes, Clément Beaune, a appelé l’Irlande à réévaluer son opposition à un taux minimum mondial d’imposition des sociétés, dans une lettre publiée mardi dans l’Irish Times et dans une interview.
« J’ai vécu en Irlande et j’aime votre pays », écrit le ministre. Il a fréquenté le Trinity College de Dublin dans le cadre d’une bourse Erasmus en 2000-2001, et a travaillé pour une réforme internationale de l’impôt sur les sociétés au cours des quatre dernières années, d’abord comme conseiller du président Emmanuel Macron, puis plus récemment comme ministre.
Le 1er juillet, l’Irlande a été l’un des neuf seuls pays sur les 139 du « cadre inclusif » de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à rejeter un projet d’accord sur la réforme de la fiscalité internationale des entreprises. L’accord devrait être approuvé par le sommet du G20 à Venise les 9 et 10 juillet. Il pourrait être finalisé par l’OCDE en octobre, et entrer en vigueur en 2023.
« L’Irlande a les moyens de s’inscrire dans cette dynamique », a déclaré M. Beaune. « C’est aussi une question d’image, pour ne pas être perçue comme réticente à une fiscalité équitable ».
M. Beaune a affirmé que la réforme ne mettrait pas en danger la prospérité de l’Irlande. « Les investisseurs internationaux ont établi leur siège en Irlande parce qu’elle est attractive, développée et stable », a-t-il déclaré. « L’Irlande est anglophone, dispose d’une main-d’œuvre qualifiée et des jeunes de toute l’Europe se sont installés à Dublin… un faible taux d’imposition des sociétés n’est plus le principal outil ou arme économique de l’Irlande. »
En outre, la perception d’un taux plus élevé d’impôt sur les sociétés permettrait de compenser les éventuels départs d’Irlande des multinationales, a ajouté M. Beaune. L’OCDE estime qu’un taux minimum mondial de 15 % générerait environ 126 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires dans le monde chaque année.