Emmanuel Macron annonce un budget d’un milliard d’euros pour la lutte contre le piratage des systèmes informatiques des hôpitaux
Le président Emmanuel Macron a promis jeudi une enveloppe d’un milliard d’euros pour renforcer la cyberdéfense de la France, suite à plusieurs attaques contre des hôpitaux.
Emmanuel Macron a déclaré que les attaques contre deux hôpitaux en moins d’une semaine ont révélé l’urgence de la menace et que son gouvernement en faisait une « priorité ».
« Les cyber-attaques à Dax et Villefranche-sur-Saône confirment l’importance de prendre la cybersécurité très au sérieux », a déclaré le président dans une série de tweets après avoir parlé aux représentants des hôpitaux par appel vidéo plus tôt dans la journée.
« Nous devons aller plus loin, plus vite, pour être en première ligne », a déclaré M. Macron. « Au total, un milliard d’euros sera investi ».
Les hôpitaux de Dax, une ville du sud-ouest du département des Landes, et de Villefranche-sur-Saône, qui se trouve près de Lyon dans le sud-est, ont été paralysés lorsque des pirates informatiques ont pénétré dans leurs systèmes informatiques les 9 et 15 février respectivement, exigeant des rançons.
Aucune rançon n’a été payée, mais pendant des heures, les dossiers des patients, les téléphones, le matériel chirurgical et autres ont été bloqués. Le personnel travaillait au stylo et au papier et les opérations ont dû être repoussées.
Est-ce un gros problème ?
Les cyberattaques constituent une menace croissante dans le monde entier et en France, le nombre d’attaques visant les « opérateurs vitaux » a quadruplé en 2020, passant de 50 à 200, selon l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI).
Sur l’ensemble des attaques de l’année dernière, 27 (11 %) visaient des hôpitaux, et en 2021, les pirates informatiques poursuivent leurs efforts pour cibler les établissements de santé du pays.
« Nous avons une (cyber-attaque hospitalière) par semaine depuis le début de 2021 », a déclaré jeudi le ministre de l’Économie numérique, Cédric O, à la chaîne de télévision française BFM, en référence au dernier rapport de l’ANSSI.
« C’est extrêmement grave », a déclaré Cédric O, en évoquant les dangers d’une paralysie des systèmes de santé à tout moment, mais surtout en pleine pandémie.
« C’est une crise dans la crise », a déclaré M. Macron.
Le responsable des systèmes d’information de l’hôpital de Dax, Gilbert Martin, a déclaré au journal français Le Parisien qu' »il faudra des jours, voire des semaines, pour revenir à la normale ».
Qui sont les hackers et que veulent-ils ?
Macron, dont le parti La République en Marche a lui-même été victime de cyber-attaques lors des élections présidentielles de 2017, a déclaré que l’objectif dépend des groupes qui mènent les attaques.
« Nous apprenons ces nouvelles attaques, certaines venant d’Etats dans le cadre de nouveaux conflits entre nations, d’autres venant de mafias », a déclaré le président.
Certaines cyberattaques sont motivées par des raisons financières, mais d’autres – comme les pirates informatiques russes découverts à l’approche de l’élection présidentielle américaine de 2016 – visent à déstabiliser des pays.
Seule une petite partie de toutes les cyber-attaques sont des demandes de rançon, a déclaré Guillaume Poupard, directeur de l’Anssi, au journal Le Monde.
L’Agence nationale française de cybersécurité a accusé lundi la Russie d’avoir organisé une cyber-attaque contre des entreprises françaises, après avoir découvert des liens avec les services de renseignement russes et un piratage de la société de logiciels Centeron. La Russie a nié ces allégations, les qualifiant d' »absurdes ».
Comment l’argent sera-t-il dépensé ?
Emmanuel Macron a déclaré que son gouvernement allait accélérer les efforts pour renforcer les capacités nationales de cyberdéfense du pays, à la fois en aidant les entreprises à améliorer leurs propres systèmes et en finançant la recherche.
Sur le total d’un milliard d’euros, 720 seront financés par l’Etat, avec pour objectif de doubler le nombre d’emplois dans le domaine de la cybersécurité en France d’ici 2025, et de tripler les revenus du secteur, de 7,3 milliards d’euros à 25 milliards d’euros, sur la même période.
Le président a promis 500 millions d’euros pour financer la recherche et aider les entreprises à améliorer leurs technologies et à développer des systèmes de cyberdéfense plus robustes.
Un nouveau centre de cybersécurité devrait ouvrir dans le quartier d’affaires de La Défense à Paris dans le courant de l’année, après avoir été retardé par la pandémie. D’une superficie de 20 000 mètres carrés, ce centre accueillera 1 500 chercheurs, ainsi que des employés des secteurs public et privé, afin de, selon les termes du président, « réunir toutes les compétences ».