Data rooms électroniques : un marché en pleine explosion
Depuis quelques années, le secteur de la fusacq a été révolutionné par l’apparition des data rooms électroniques. Méconnues du grand public, ces chambres fortes virtuelles permettent de préparer les rapprochements entre sociétés dans un environnement sécurisé.
Profitant de l’embellie économique, le marché des fusions et acquisitions (M&A) a signé en 2017 une année record. Les transactions européennes ont bondi de 50% pour atteindre 205 milliards d’euros. La France en est d’ailleurs le principal moteur en totalisant près de 29% des transactions européennes contre environ 15% en moyenne, sur les années précédentes.
Dans ce contexte économique porteur, la protection des données est fondamentale pour les M&A. Chaque opération peut facilement être victime de fuites d’informations, tant ces dernières sont économiquement avantageuses dans un contexte de rapprochement entre deux entreprises.
Les journalistes Pierre Gastineau et Philippe Vasset, auteurs d’une vaste enquête sur le marché de la fuite d’informations en 2017, en ont dressé l’amer constat. « Derrière les fuites « pures », qui constituent les leaks les plus médiatisés, il y a également un nombre grandissant d’opérations de déstabilisation, dont les motivations sont bien plus troubles que celles d’un lanceur d’alerte guidé par de purs principes éthiques. » expliquaient les deux auteurs.
Data rooms illimitées
Dans ce contexte, les data rooms électroniques, également appelées data rooms virtuelles (VDR), séduisent les entreprises par leurs capacités à offrir un environnement sécurisé, dans lequel des données sensibles peuvent être partagées, tracées et compartimentées, tout en diminuant drastiquement les risques de fuite. « Cette solution est très pratique. Elle permet notamment de faire abstraction de la dispersion géographique des candidats acheteurs et de leurs conseils, et d’effectuer plus efficacement les mises à jour de la data room » expliquait en 2016 Didier Penot, directeur juridique M&A de Total, pour les Echos. Deux ans plus tard, les data rooms électroniques sont effectivement devenues incontournables.
Bémol, la plupart des acteurs du secteur sont américains. Un point bloquant pour les entreprises européennes depuis la montée en puissance de politiques législatives intrusives comme celles du Cloud Act, qui ne garantissent pas la confidentialité des données hébergées sur les serveurs outre-Atlantique. C’est d’ailleurs sur cette faiblesse administrative que comptent les éditeurs de data rooms électroniques du continent pour damer le pion à leurs homologues américains. A cela s’ajoutent de sérieux arguments commerciaux ou technologiques. Soucieux de se démarquer, les éditeurs de data rooms électroniques innovent.
Certaines entreprises misent sur l’intelligence artificielle afin d’automatiser leurs due diligence. D’autres parient sur des modèles économiques différents, dans un secteur où le prix de la data room est une métrique à laquelle les clients ne sont pas insensibles. En effet, selon le cabinet d’étude HTF Market Intelligence, qui vient tout juste de publier « Global Virtual Data Room Market Size, Status and Forecast 2025 », le coût des applications devrait singulièrement augmenter d’ici à quelques années. Poussées par l’augmentation des prix et le développement de l’offre, les entreprises vont-elles abandonner le vieux modèle économique de data rooms à la carte ?
C’est en tout cas le pari du groupe français DiliTrust, un éditeur de data rooms et de diverses solutions de gouvernance, qui veut tirer parti du développement du secteur. “Nous avons décidé d’adopter une approche plus offensive et de prendre une part de marché significative sur les transactions de M&A” explique ainsi Yves Garagnon, Directeur Général de DiliTrust. L’entreprise compte également sur sa nouvelle offre de data rooms électroniques “tout illimité”, là où les autres acteurs facturent à l’usage. “Avec cette nouvelle offre il n’y a plus de limitation du nombre de documents affectés à une data room et le nombre d’utilisateurs est illimité. Nos clients connaissent ainsi dès le départ le prix de leur Data Room. Aucune facture complémentaire n’est émise à la fermeture de la Data Room, ce qui permet aux entreprises de maîtriser totalement leurs coûts” indique le groupe dans un communiqué paru en mai.
Un avantage de poids dans un secteur en pleine structuration.