La croissance de la Côte d’Ivoire rassure ses partenaires
La Côte d’Ivoire s’est classée en 2017 parmi les 10 premiers pays au monde enregistrant la plus forte croissance. En dépit de l’effondrement des cours du cacao et de quelques turbulences sociales, le pays est parvenu à hisser sa croissance aux alentours de 8 %, confirmant ainsi sa place de leader économique en Afrique de l’Ouest.
Si l’Asie continue à occuper la tête du classement des pays enregistrant la plus forte croissance, l’Afrique est également très bien positionnée, puisque 5 de ses pays figurent dans le top 10 de 2017, établit par The Economist. Avec le Ghana, Djibouti, l’Éthiopie et l’Égypte, la Côte d’Ivoire a donc connu une année particulièrement positive, avec une croissance qui devrait atteindre 8 %. Un fait d’autant plus notable que le pays a dû faire face à des tensions internes et surtout à une baisse de près de 40 % des cours du cacao, alors que cette filière représente 15 % du PIB, et plus de 30 % de ses recettes d’exportation. Ce secteur pèse aussi sur l’emploi puisqu’il compte près de 800 000 planteurs, sur 23 millions d’habitants.
Dès le mois d’avril, le gouvernement avait pris des mesures pour tenter de limiter les effets de cette crise. Le budget général de l’État avait ainsi été réduit, de 6 501,4 milliards F CFA à 6 447,6 milliards F CFA. Et le gouvernement s’était efforcé de poursuivre la réduction de la dette intérieure en versant plus de 911 milliards F CFA à des milliers de fournisseurs et prestataires de l’État.
Dans le même temps, la Côte d’Ivoire est parvenue à préserver son rôle de leader régional, en organisant plusieurs manifestations d’envergure comme les Jeux de la Francophonie en juillet, ou en accueillant un sommet Union Africaine/Union européenne.
Des investissements dans les infrastructures
Si l’économie ivoirienne est restée sur une pente ascendante, c’est aussi le fait de travaux d’infrastructure majeurs. La mise en chantier du métro d’Abidjan fin novembre 2017, devrait permettre d’apporter des réponses à l’engorgement routier de la capitale. Le projet estimé à 1 000 milliards de CFA doit aussi générer 2 000 emplois, pour permettre de transporter jusqu’à 500 000 passagers par jour à l’horizon 2021.
D’autres projets tout aussi essentiels pour stimuler l’économie ivoirienne sont également en cours, dont de nombreux chantiers routiers de plusieurs dizaines de milliards de Cfa. En outre des projets destinés plus directement au soutien de l’économie viennent de démarrer. C’est le cas du débarcadère et du marché central de Sassandra, pour 15 372 milliards FCFA qui devraient être livrés respectivement en 2018 et 2019.
Et pour anticiper une hausse de la consommation électrique dans les années à venir, la Cote d’Ivoire construit un barrage hydroélectrique dans la région de la Nawa, pour un coût de 331 milliards de Cfa. La liste des nouvelles infrastructures ne cesse de s’allonger, révélateur de la dynamique de l’économie ivoirienne. Ces infrastructures auront à long terme un rôle d’accélérateur de la croissance, en favorisant la circulation des biens et des personnes, en désenclavant aussi plusieurs régions.
Cette dynamique engagée est un facteur rassurant pour les différents partenaires du pays, dont la croissance exceptionnelle devrait faciliter la stabilité politique et sociale.
Cependant, la classe moyenne ivoirienne peine encore à soutenir la croissance et la consommation intérieure du pays. Une étude réalisée par l’École nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée d’Abidjan (ENSEA) pour l’Agence française de développement estime que la classe moyenne ne représente qu’un peu plus de 26 % de la population ivoirienne, alors qu’elle atteint 61 % au Brésil, autre pays émergent où son impact est bien plus déterminant. Et cette classe moyenne demeure encore trop disparate pour avoir une influence réelle sur l’économie, puisqu’elle se compose aussi bien d’agriculteurs, de commerçants informels, ou encore de modestes retraités qui demeurent par définition très fragiles face aux soubresauts de l’économie.
La situation devrait cependant évoluer progressivement si la classe moyenne ivoirienne continue d’augmenter à un rythme annuel de 8 à 9 %. Elle sera alors en mesure de participer pleinement à la croissance du pays, voire d’en devenir un des piliers.