Linky permet-il vraiment de faire des économies ?
Le nouveau compteur électrique d’Enedis, décrié depuis le début de son installation, permettrait d’adapter sa consommation d’énergie et de pratiquer l’autoconsommation. Qu’en est-il vraiment ?
Des tables rondes organisées à l’Assemblée nationale, des comités d’opposition qui se mettent en place, des arrêtés municipaux pour l’empêcher d’essaimer. Linky, le nouveau compteur électrique d’Enedis, n’a pas bonne presse. Certains habitants vont même jusqu’à barricader leur compteur actuel afin d’empêcher les techniciens de poser le boitier vert acidulé. Qui doit pourtant équiper 35 millions de foyers français d’ici 2021, comme précisé dans la loi relative à la transition énergétique de 2015. Mais au fait, pourquoi ?
Opérations à distance
Linky est un compteur dit communicant. C’est-à-dire qu’il est connecté à Internet et transmet au système d’information d’Enedis l’état de la consommation électrique d’un foyer en temps réel. L’objectif ? Que les particuliers puissent l’adapter de chez eux, à partir d’un compte utilisateur, sans avoir recours à un technicien. Les opération à distance, avec le nouveau boitier, seront ainsi la norme. « Le compteur Linky sera relevé automatiquement et l’information sera mise à disposition du client » explique Laurent Meric, chargé de relations publiques chez Enedis. Pour qui l’avantage principal du nouveau compteur réside dans les économies qu’il permet de réaliser. Ceci dès le premier jour.
« La mise en service de l’électricité dans le logement, qui peut prendre jusqu’à cinq jours actuellement et coûte 27,30 €, sera télé-opérée le jour-même et ne coûtera plus que 13,20 € » selon lui. Idem lorsque les clients souhaiteront modifier la puissance de leur compteur – en hiver par exemple. Le coût de l’augmentation de puissance, indique Laurent Meric, « passera de 36 € à 3,60 €, soit une baisse de 90 %. » Des économies qu’Enedis génèrera grâce à la multiplication des opérations à distance et qu’elle répercutera sur le porte-monnaie des clients. Qui pourront, de leur côté, réaliser leurs propres gains pécuniaires.
Autoconsommation
Une application gratuite pour smartphone, Enedis à Mes Côtés, a d’ailleurs été créée en ce sens. « En plus des fonctionnalités historiques permettant d’assister et de guider le client en cas de coupure d’électricité, cette application lui permet d’avoir accès à sa consommation électrique, de l’analyser mais aussi de la comparer à celle de foyers similaires » explique M. Meric. Si le client garde bien évidemment la main sur son débit d’énergie, « l’application propose également des astuces pour réduire sa consommation d’électricité et encourager les économies d’énergie ». Et d’argent, donc.
Autre moyen de dépenser moins grâce à Linky : l’autoconsommation. Egalement présente dans la loi de 2015, l’autoconsommation est le nouveau paradigme en matière de consommation d’électricité. Qu’elle soit personnelle ou collective, totale ou partielle, elle permet, comme son nom l’indique, d’avoir recours à l’énergie que l’on a soi-même produite. Et revendre l’éventuel surplus. Chose qu’il était possible de faire avant Linky, mais en déboursant quelques centaines euros, puisque la pose d’un compteur dédié était nécessaire, et des frais annuels associés. Qui disparaissent donc avec le nouveau boitier d’Enedis.
Energies renouvelables
Si l’autoconsommation n’est pas nouvelle en France, la pratique séduit de plus en plus – notamment parce qu’elle permet une certaine indépendance vis-à-vis des fournisseurs d’énergie. En juin 2016, un sondage Opinionway révélait que 47 % des Français étaient prêts à investir dans des panneaux solaires – le photovoltaïque étant largement plébiscité par eux –, dont 15 % pour devenir parfaitement autonomes. Un chiffre qui a sans doute augmenté depuis la loi du 15 février 2017, qui facilite le développement de l’autoconsommation ; le consommateur peut à présent produire son électricité et la revendre à Enedis, ou la consommer totalement.
Le compteur facilite en tout cas l’arrivée des énergies renouvelables sur le circuit électrique classique. Ce qui représente peut-être, avec les économies réalisées par les clients, la meilleure nouvelle. D’autant plus, bien entendu, lorsque ces derniers habitent des régions fortement ensoleillées, comme le sud de la France.