Economie circulaire : quand l’énergie s’en mêle !

Economie circulaire : quand l’énergie s’en mêle !

economie-circulaire-energieRemis au goût du jour par la loi de transition énergétique, le concept d’économie circulaire entend encourager le développement de nouvelles filières industrielles à la fois prometteuses économiquement et indispensables au regard des enjeux écologiques actuels. Premiers concernés, les grands acteurs de l’énergie profitent de cette dynamique et proposent désormais à leurs clients de nouvelles solutions innovantes en matière d’énergies renouvelables, de valorisation des déchets ou de récupération de la chaleur issue des process industriels. Autant d’alternatives qui permettront à terme de limiter le gaspillage des ressources et l’impact environnemental dans l’ensemble des activités de production. 

 

L’économie circulaire, le moteur d’une croissance verte et durable

 

Économie de matières premières, création d’emplois, innovation, perspectives de croissance, adaptation aux nouveaux besoins des consommateurs, les promesses de l’économie circulaire sont nombreuses. La logique linéaire du « prendre, fabriquer, utiliser et jeter », quasi omniprésente dans nos économies, ne peut perdurer, et le contexte politico-économique se prête désormais davantage à la sauvegarde et au réemploi des matières premières.

Inscrite dans le Code de l’environnement depuis le 22 juillet 2015, l’économie circulaire est aujourd’hui favorisée par l’Etat français et les industriels pour promouvoir une croissance verte et durable, et commence progressivement à s’installer dans nos modes de production et de consommation. En septembre 2015, un nouvel appel à projets « Economie circulaire, recyclage et valorisation des déchets » avait été lancé dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA) pour la transition écologique et énergétique. Géré par l’Ademe, cet appel à projets courait jusqu’en juin 2017, avec pour objectif d’accompagner le développement de filières industrielles stratégiques en lien avec l’écoconception, la réparation et l’économie de la fonctionnalité (réduction des impacts environnementaux d’un produit tout au long de son cycle de vie), mais également le recyclage, la transformation, l’utilisation et la réintégration des matières issues des déchets.

 

Les enjeux de l’économie circulaire dans le secteur de l’énergie

 

En première ligne, du fait de la raréfaction des ressources naturelles et des nouvelles exigences écologiques auxquelles doivent faire face les producteurs d’énergie, le secteur énergétique était largement attendu ici afin de proposer de nouvelles solutions innovantes permettant d’optimiser les processus de production énergétique, et de les rendre à la fois plus efficients et plus respectueux de l’environnement.

Si le monde s’est appuyé tout au long du XXème siècle sur ses ressources fossiles (le volume des ressources extraites était de 60 milliards de tonnes en 2007 et pourrait atteindre les 100 milliards en 2030, selon l’OCDE), la détérioration des conditions d’accès à ces ressources (quantité, qualité, prix), l’augmentation de la population et des besoins, et la prise de conscience écologique, ont poussé ces dernières années les producteurs d’énergie à repenser leurs modes de production pour réduire leur dépendance aux énergies polluantes, tout en garantissant un approvisionnement énergétique qualitatif et rentable. Transformer nos économies dans le sens d’un développement plus durable et d’une réutilisation constante des produits arrivés en fin de vie n’est pas forcement contraire aux besoins de rentabilité des entreprises, et peut même procurer de grands bénéfices en termes d’efficacité, de revalorisation énergétique et d’économies d’énergie. Plusieurs exemples d’économie circulaire dans la production d’électricité ou de chaleur prouvent d’ores et déjà que ce modèle est valable et profitable à tous, que l’on soit industriels, acteurs publics ou simples citoyens.

 

Recyclage, revalorisation et récupération de l’énergie

 

Outre le développement des énergies renouvelables qui constituent par définition un modèle d’économie circulaire en permettant de ne pas puiser davantage de ressources fossiles comme le charbon ou le pétrole, l’économie circulaire dans le secteur de l’énergie se décline sous plusieurs formes bien distinctes, toutes destinées à limiter au maximum le gaspillage énergétique.

Les processus de recyclage et de revalorisation énergétique des déchets tout d’abord, sont très prometteurs et adaptables à de nombreux domaines d’activité gourmands en énergie ou en chaleur. Un meilleur retraitement des déchets peut en effet permettre d’optimiser la qualité des matières valorisées, de diminuer la quantité des résidus ultimes non valorisés, et de réguler les flux de matières. Les déchets organiques comme ceux de l’industrie agro-alimentaire, de l’agriculture ou des stations d’épuration peuvent par exemple être transformés en gaz vert (biométhane), et injecté dans le réseau de distribution de gaz naturel. C’est notamment le cas au sein du centre Ecocea du groupe TIRU (filiale du groupe EDF) qui valorise chaque année depuis 2015, 73.000 tonnes d’ordures ménagères et 8000 tonnes de déchets verts en compost utilisé par les agriculteurs et en biométhane réinjecté dans le réseau. Les autres déchets sont quant à eux incinérés et permettent par la récupération de chaleur issue du processus de combustion, de chauffer les installations à proximité. L’éco-serre des Grands Lacs dans les Landes n’a plus recours dans ce cadre à aucune source d’énergie fossile. Grâce à la création d’un réseau de chaleur entre la serre et l’unité de valorisation des déchets voisine, située à Pontex, cette éco-serre est chauffée par la récupération de la chaleur produite par la combustion des ordures.

La récupération de l’énergie perdue ou « fatale » qui s’échappe des milliers de calculateurs abrités dans des data centers ou de nos industries, représente également d’importants gisements énergétiques. « On estime aujourd’hui que 30 % de la consommation énergétique française, soit 150 térawattheures, est perdue dans l’industrie », explique François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône et président-fondateur de l’Institut de l’économie circulaire. A Dunkerque par exemple, la chaleur produite dans les hauts-fourneaux d’ArcelorMittal est recyclée par Dalkia pour chauffer plusieurs milliers de bâtiments, dont un centre hospitalier, des écoles et un grand nombre de logements collectifs. Autre exemple, la start-up Stimergy propose de chauffer l’eau des villes intelligentes grâce à l’énergie des centres de données. Les mini-datacenters créent un cloud écologique pour les entreprises du numérique, et les bâtiments qui les hébergent (piscine, bâtiments résidentiels) bénéficient d’une chaleur permanente. Stimergy leur permet notamment de diviser par deux leurs charges d’eau chaude.