Objets connectés : la révolution « intelligente » en marche !
Smartphones, tablettes, ordinateurs portables, écran tactile… Le numérique occupe une place de plus en plus importante dans la vie de tous les jours. Certains parlent même désormais de « maison intelligente », pour décrire une maison « connectée » à l’internet des objets, ou de « voiture autonome ». Fantasme ou réalité de demain ? Cette évolution technologique suscite en tout cas de la curiosité mais aussi des interrogations auprès du public et des consommateurs.
Régler le chauffage de votre maison sur le chemin du retour, obtenir automatiquement la liste des produits frais à racheter grâce à votre réfrigérateur, ou s’assurer que tous les volets sont bien fermés… Les possibilités offertes par les objets connectés – objet électronique connecté sans fil et qui partage des informations avec un ordinateur, un smartphone, etc. – sont multiples et visent à faciliter la vie de leurs utilisateurs. Selon un sondage OpinionWay, réalisé en mars 2017, 48 % des Français déclarent posséder au moins un objet connecté. Cependant, cette même étude montre une différence de point de vue entre, d’un côté, les possesseurs de tels objets qui font confiance aux fabricants pour la protection des données personnelles (61 %) et, de l’autre, les non-possesseurs qui expriment leur méfiance à hauteur de 70 %.
De la « maison connectée »…
Chaque été, nombre de ménages se préoccupent de la sécurité de leur domicile pendant leur absence. Avec l’internet des objets, il est possible de vérifier, partout où l’on se trouve (y compris à plusieurs centaines ou milliers de kilomètres), ce qui se passe dans la maison, en connectant une caméra au réseau et en y accédant en ligne. Les avantages se déclinent également au niveau de la consommation, avec la possibilité de réguler par exemple le chauffage à distance. Le consommateur aura donc la possibilité d’envoyer des notifications aux appareils dits « intelligents » du foyer, afin de provoquer leur mise en marche quelques minutes avant l’arrivée de l’occupant.
Toutefois, certains chercheurs estiment que la « maison connectée » n’est pas sans risque pour la protection des données de l’habitant. Selon Dan Crowley, chercheur en sécurité de la société Trustwave, les avantages de la « maison intelligente » peuvent aussi se retourner contre le consommateur. Lors de la conférence Black Hat, qui rassemble des experts des agences gouvernementales américaines et des industries avec des Hackers, organisée en 2013 à Las Vegas, Dan Crowley avait ainsi démontré comment des personnes mal intentionnées et douées d’un savoir-faire certain dans le piratage de données, pouvaient prendre le contrôle d’une maison connectée, en changeant le code PIN des serrures d’une maison intelligente, permettant ainsi de contrôler les portes extérieures à l’insu du propriétaire.
Comment éviter ces mésaventures ? En prenant le maximum de précautions en amont. La législation prévoit une protection des données personnelles, protégées par la Loi Informatique et Libertés. Comme le rappelle Gwendal Le Grand, chef de l’expertise informatique de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), il existe « des textes qui parlent des RFID et des objets communicants et de manière plus générale, la loi informatique et libertés (au niveau européen la directive date de 1995) encadre tous les traitements de données à caractère personnel(…) Il y a des obligations que le responsable de traitement — c’est-à-dire l’entreprise qui va traiter les données — doit mettre en place et il y a des droits pour les personnes dont les données sont traitées. Ces obligations et ces droits sont inscrits dans la loi. Parmi les obligations, il y a l’information, la possibilité de s’opposer au traitement des données dans certains cas, l’obligation de sécurité du traitement de données de la part du responsable de traitement… »
Dans ce cadre, la CNIL a suivi de près la mise en place des compteurs communicants Linky. Si ce compteur d’électricité nouvelle génération permettra, entre autres, de mieux connaître le bilan énergétique de son domicile, il suscite aussi quelques craintes parmi les usagers. Une minorité d’entre eux pointent le risque de captation des données personnelles. Or, la Cnil a jugé que la courbe de charge (c’est-à-dire la connaissance précise de la consommation d’énergie) ne pourra pas sortir de l’habitation sans l’accord du consommateur. Dans une note rendue publique le 30 novembre 2015, la CNIL « considère acceptable et suffisamment protectrice une conservation limitée de la courbe de charge à l’intérieur du compteur, sans remontée vers le gestionnaire. » Tous les secteurs de l’économie sont déjà plus ou moins impactés par l’internet des objets, comme le secteur automobile.
… à la « voiture autonome »
Au salon Consumer Electronic Show de Las Vegas, consacré à l’innovation technologique en électronique grand public, ce sont les entreprises du numérique qui tiennent le haut du pavé à l’image de Google, Samsung et Apple. Ces entreprises présentent les solutions les plus innovantes et susceptibles d’être adoptées par des consommateurs de plus en plus curieux. Après avoir lancé le développement de la Google Car en 2009, Google a souhaité, fin 2016, se recentrer sur son cœur de métier : les logiciels. Comme l’explique RTL, « Google souhaite désormais faire fructifier ses avancées technologiques et se concentrer sur des partenariats avec les constructeurs établis en leur fournissant un logiciel de conduite autonome ». De fait, Alphabet, la maison-mère de Google, a annoncé en décembre dernier la création de Waymo. Cette société indépendante aura pour but, selon Turbo.fr, de « développer ses ambitions en ce qui concerne la conduite autonome ». L’entreprise a lancé ses premiers tests en conditions réelles dans les rues de Phoenix (Arizona) en avril.
Selon une étude du cabinet d’audit KPMG, 40 % des véhicules en circulation en 2040 seront à conduite automatisée. De fait, les constructeurs automobiles vont devoir faire des choix stratégiques : s’associer à de grands noms du numérique pour rendre leurs véhicules connectés et de plus en plus autonomes ou développer leur propre plateforme technique.
Cette évolution technologique représente aussi de nouveaux enjeux pour les assureurs. En effet, selon l’Argus de l’assurance, « l’autonomisation progressive des véhicules est appelée à réduire considérablement la taille du marché de l’assurance automobile et à en changer les modalités de vente et de tarification ». Interrogés par KPMG, seuls 29% des dirigeants de compagnies d’assurance assurent maîtriser le sujet du véhicule autonome…
Selon Fredzone.org, spécialisé dans l’actualité high-tech, les objets connectés devraient générés un chiffre d’affaires de 2 000 milliards de dollars en 2017, et même 3 000 milliards de dollars en 2020. Plus de 8 milliards d’objets connectés seront en service d’ici la fin de l’année, d’après Gartner Inc., entreprise américaine de conseil et de recherche dans le domaine des techniques avancées. Dans trois ans, c’est à dire d’ici 2020, ce sont près de 20 milliards d’objets connectés qui seront sur le marché ! Un enjeu, tant pour les particuliers que pour les professionnels, qui devront s’adapter ou anticiper ces révolutions technologiques.