L’Italie durcit le ton sur l’esclavagisme de la main d’œuvre immigrée agricole
Rome ne veut plus fermer les yeux sur certaines pratiques « esclavagistes » ayant cours dans les campagnes italiennes en matière de main d’œuvre immigrée agricole. En atteste cette loi adoptée fin octobre par la Chambre des députés sanctionnant les protagonistes de ce réseau malsain de six ans de prison couplées à de lourdes amendes.
Les autorités italiennes veulent définitivement mettre à mal un trafic regroupant entre 300 000 et 400 000 travailleurs agricoles selon les chiffres publiés par les organes syndicaux. Ces hommes et femmes, majoritairement Africains, sont recrutés par l’intermédiaire de réseaux fallacieux pour effectuer les tâches les plus physiques comme la récolte de fruits et légumes.
Leur statut demeure bien sûr extrêmement précaire avec un salaire dépassant rarement trois euros de l’heure pour un rythme pouvant atteindre huit à dix heures par jour de labeur. Mais ce n’est pas tout, une somme allant de trois à cinq euros lors est confisquée quotidiennement pour qu’ils paient leur transport jusqu’aux champs, ainsi que leur loyer issu de locaux insalubres dépourvus de cuisine ou de sanitaire…
Ceux qui chapeautent ce système dégradant et n’hésitent pas, le cas échéant, à recourir à la violence, se nomment les caporaux qui prospèrent aisément grâce à la crise économique. Ce sont eux que les autorités italiennes souhaitent mettre définitivement sur la touche par la promulgation d’une législation beaucoup plus dissuasive.
Un leitmotiv que le ministre de l’Agriculture, Maurizio Martina, n’a pas hésité à associer à la tragique affaire de Rosarno datant de 2010, puisque cette petit localité située en Calabre avait été le théâtre de violents affrontements entre mafieux et ouvriers agricoles africains.
Ce dernier rappelle d’ailleurs régulièrement qu’une telle « plaie sociale inacceptable », parfaitement intégrée aux terroirs mafieux comme la Sicile, la Calabre, la Campanie ou encore les Pouilles, ne pouvait perdurer plus longtemps.
Mathieu Portogallo
Source : Le Figaro