Burn-out : les femmes deux fois plus touchées que les hommes
Alors que nombre d’études constatent que les femmes restent plus sujettes au burn-out que les hommes, Tendance Ouest est allée à la rencontre de plusieurs victimes de l’épuisement professionnel. Ces dernières témoignent sans concession.
En France, 21% des femmes se sentent émotionnellement vidées par leur travail contre 11% chez les hommes. Un constat édifiant dont les maux brisent petit à petit ceux ou celles qui les développent avant de céder brutalement, atteste Sylvaine Grémont, psychologue spécialisée dans la souffrance au travail :
« Les gens souffrant d’un burn-out passent par une phase de déni. Ils sont à fond et se disent « je vais y arriver » jusqu’à ce qu’un événement déclencheur survienne et qu’ils s’effondrent. »
C’est ce qui est arrivée à Sylviane lorsqu’elle parvient enfin à décrocher un CDI dans une association où elle redouble d’efforts depuis des années :
« J’ai fini par péter un câble lors d’une réunion. On m’avait demandé de réfléchir à une réorganisation du service, et là mon directeur m’ordonne d’arrêter de prendre des initiatives. »
Terriblement affectée, elle avoue avoir perdu pied suite à une violente altercation avec son supérieur : « Après m’être endormie, je me suis réveillée brutalement, les mains toutes crispées. Je faisais un cauchemar dans lequel je l’étranglais. Puis un matin, en mettant mes chaussures pour aller au boulot, je me suis complètement bloquée le dos », déplore-t-elle convalescente.
Un mal-être que Catherine n’a eu aucun mal à valider, fort d’une expérience de 30 ans comme infirmière en bloc opératoire : « Les chirurgiens peuvent être des gens très triviaux. Les hommes sont protégés mais nous on est toujours les pauvres gourdes. J’avais l’impression d’être devenue un cadre dans un planning. Il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Cela paraît anodin au début, mais la nuit je rêvais que je n’arrivais plus à ouvrir les portes du bloc ni à trouver mon matériel, je perdais même les patients. »
Pour autant, les femmes au foyer ne sont pas épargnées par le fléau, mais restent toutefois pudiques sur le sujet, souligne la psychologue :
« Cette souffrance est plus difficilement avouable pour une mère qui oublie d’aller chercher ses enfants à l’école, laisse partir la gifle plus vite, ou passe la journée à pleurer devant la télé. Et dans cette situation, impossible de prendre un congé maladie, alors qu’une coupure d’au moins six mois serait nécessaire. »
Seul « lot de consolation », les femmes arrivent à remonter la pente beaucoup plus vite que les hommes car « ceux-ci le vivent avec davantage de honte et attendent beaucoup plus de temps avant de s’exprimer, alors les femmes le font plus facilement », conclut-elle.
Source : Tendance Ouest