Energie hydrolienne : la course à l’industrialisation est lancée
Si la production d’énergie hydrolienne n’est encore qu’en phase d’expérimentation, son développement dans les années à venir ne fait plus aucun doute et suscite l’intérêt des grands acteurs français de l’énergie. Le projet de Paimpol-Bréhat, porté par DCNS et EDF, a par exemple entamé sa phase de démonstration et constitue d’ores et déjà, pour la filière, la base d’un développement industriel prometteur en France comme à l’étranger.
En visite à Brest (Finistère) le vendredi 13 mai dernier, la ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, Ségolène Royal, a inauguré la nouvelle hydrolienne à destination du parc de production de Paimpol-Bréhat. Cette turbine de 16 mètres de diamètre rejoindra, après plusieurs semaines de tests de ses performances mécaniques et électriques, sa sœur jumelle, immergée le 20 janvier 2016 à plus de 40 mètres de profondeur.
Paimpol-Bréhat : une première mondiale en France
Mené par les groupes français EDF Energies Nouvelles (EDF EN) et DCNS, le projet hydrolien de Paimpol-Bréhat constituera, une fois cette nouvelle turbine raccordée au réseau, la première ferme hydrolienne à produire de l’électricité à l’échelle internationale. Elle permettra notamment pour ces deux partenaires de démontrer la faisabilité technique, économique et environnementale de la filière hydrolienne, et d’envisager le lancement officiel d’une production à l’échelle industrielle.
« L’objectif est de valider les performances techniques et énergétiques de ces machines. Car pour parvenir à réduire les coûts et rendre l’énergie hydrolienne compétitive, il faut en premier lieu démontrer la fiabilité des projets dans la durée », explique Sylvain Gaignard, directeur des projets énergies marines chez EDF EN.
En 2016, EDF EN et DCNS devraient donc poursuivre leurs études à Paimpol-Bréhat. Ils s’attèleront également à l’obtention des autorisations administratives pour le projet Normandie Hydro, attribué il y a quelques mois par l’Ademe dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour la création d’un parc hydrolien dans la zone du Raz Blanchard. Pour rappel, cet AMI avait sélectionné et accordé une aide de 52 millions d’euros au consortium « DCNS – EDF Energies Nouvelles » et son projet « Normandie Hydro », ainsi que 51 millions d’euros au projet Nephtyd porté par « General Electric – ENGIE ». Ces deux conglomérats d’industriels installeront donc respectivement dans la région, d’ici à 2018, sept hydroliennes de 2 MW et quatre hydroliennes de 1,4 MW. Ils renforceront ainsi une filière de production naissante en France mais déjà prometteuse pour nos poids lourds de l’industrie énergétique.
DCNS, EDF, ENGIE : moteurs de l’hydrolien industrialisé
Fort de ce dynamisme, la filière hydrolienne française se prépare aujourd’hui à entrer dans sa phase industrielle et commerciale. Le fabricant DCNS, qui exporte depuis peu sa technologie à l’étranger dans le cadre du projet de ferme hydrolienne de la baie de Fundy au Canada, entend à terme devenir le leader du marché à l’international.
Il a officialisé pour cela, vendredi 13 mai dernier, le permis de construire de son atelier de fabrication d’hydroliennes, sur un site de 25 hectares appartenant au port de Cherbourg. Ce nouvel atelier entrera en activité dès 2017 pour produire les sept hydroliennes programmées au Raz Blanchard, et proposera dès 2018 une capacité de production annuelle de 25 turbines pour alimenter les fermes commerciales d’Aurigny et du Raz Blanchard prévues pour 2020-2021. A terme, une extension du site est prévue pour porter la production à 50 hydroliennes par an, laissant entrevoir dans le même temps la création de plusieurs centaines d’emplois dans la construction et la maintenance des équipements.
Le constructeur General Electric, associé ici au groupe ENGIE, adopte lui aussi la même stratégie et devrait annoncer prochainement la construction d’une nouvelle usine dans le port de Cherbourg, faisant de la région Normandie un acteur fort dans le développement des énergies marines à l’échelle européenne et internationale.
Cette phase d’industrialisation, qui va s’accélérer entre 2016 et 2018, apparaît donc comme un processus déterminant pour les constructeurs dans le développement de la filière hydrolienne, et vise principalement à réduire des coûts de production encore trop élevés. Ces derniers devront notamment prouver qu’ils ont la capacité de faire baisser leurs coûts par la production à grande échelle, en proposant une offre fiable et économiquement viable, et tenter d’imposer leur technologie sur un marché européenne de plus en plus concurrentiel.