La Chine s’ouvre à la filière nucléaire française
A l’occasion de la visite en France le mois dernier du Premier ministre chinois Li Keqiang, Areva et EDF ont pu signer plusieurs accords de coopération avec les groupes nucléaires chinois CGN et CNNC. La Chine est un marché en pleine expansion et donc un enjeu crucial pour l’industrie nucléaire française, qui doit faire la preuve de sa capacité à s’exporter.
Paradoxalement, ce renforcement de la collaboration sino-française en matière de nucléaire civil arrive au moment où la République populaire n’est plus dépendante des technologies étrangères pour la construction de nouveaux réacteurs. EDF et Areva avait construit deux réacteurs français de troisième génération à Taishan, mais les deux entreprises étatiques ne devraient plus avoir l’opportunité de construire de nouveaux réacteurs en Chine. Pour autant, le marché nucléaire chinois reste un enjeu stratégique pour EDF et Areva qui, avec ces nouveaux accords, se placent en bonne position pour renforcer la collaboration franco-chinoise pour l’ensemble du cycle nucléaire.
Ainsi, Areva a signé deux accords avec CNNC, le premier pour un projet d’usine de traitement-recyclage de combustibles usés, et le second, plus large, portant sur l’approfondissement des coopérations existantes concernant l’extraction et la conversion de l’uranium, la fabrication des assemblages de combustible en zirconium, la déconstruction et le démantèlement, les transports et le traitement-recyclage. De son côté, EDF a signé une lettre d’intention avec CGN portant sur la mise en place d’une coopération de long terme dans le domaine des réacteurs de moyenne et grande puissances.
Pour comprendre l’importance de ces engagements pour la filière nucléaire française, il faut souligner que la Chine, qui doit faire face à une hausse proportionnelle à sa croissance de ses besoins énergétiques, et qui se trouve de plus en plus sous la pression de la communauté internationale sur la question environnementale, a décidé de lancer un programme pour tripler ses capacités en énergie d’origine atomique d’ici 2020, pour un investissement total estimé à 100 milliards de dollars. Jusqu’à présent dotée d’un mix énergétique dominé par les énergies fossiles, la Chine entame ainsi sa conversion vers les énergies décarbonnée.