Le nucléaire est toujours l’énergie bas carbone la plus compétitive
Objet d’une animosité récurrente depuis plusieurs décennies malgré un bilan carbone bien inférieur à toute autre énergie conventionnelle, l’avenir de l’énergie nucléaire est aujourd’hui remis en question. Non pas pour des raisons environnementales mais bien économiques. Le vieillissement du parc nucléaire français et les investissements que cela implique, ainsi que les incertitudes planant autour d’une éventuelle prolongation d’exploitation des installations existantes, enrichissent des discours bien souvent erronés et pessimistes sur la rentabilité déclinante des centrales de production nucléaire. S’il est vrai que le prix du mégawatheure a quelque peu augmenté ces dernières années, l’atome reste encore aujourd’hui l’énergie bas carbone la plus compétitive.
Évoquer le prix de l’électricité produit via l’énergie nucléaire, c’est avant tout évoquer la rentabilité de moyens de production certes assez âgés mais d’ores et déjà amortis. Contrairement aux croyances actuelles, les coûts d’exploitation et de déclassement sont relativement faibles. Par exemple, le coût de démantèlement des installations obsolètes ne dépasse généralement pas 0,2 centimes par kWh tandis que le coût du combustible atteint rarement les 0,5 centimes par kWh.
Le principal obstacle économique réside donc dans l’investissement de départ. Des frais de construction élevés imposent en effet une exploitation sur le long terme et motive d’autant plus les exploitants à prolonger l’activité de leurs centrales de production au delà des quatre premières décennies validées. Une démarche lourdement critiquée par les associations écologistes invoquant généralement des problèmes de sécurité. Or, la sécurité a toujours été la principale préoccupation en matière nucléaire et si deux accidents ont marqué l’histoire, ils ne sont pour rien liés à une défaillance technique. L’accident de Tchernobyl résultant comme chacun sait d’une série d’erreurs humaines tandis que la centrale de Fukushima fut victime d’une catastrophe naturelle.
Cela étant, les procédures ont une nouvelle fois été renforcées au Japon, mais également en France où l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a choisi de durcir encore un peu plus les réglementations. De nouveaux aménagements nécessitant donc de nouveaux investissements qui furent à l’origine depuis 2011 d’une légère augmentation du prix de l’électricité.
Le coût de l’énergie nucléaire, qui représente 75% de l’électricité en France, est donc estimé aujourd’hui à près de 60 euros le mégawattheure (MWh). Un prix qui reste malgré tout bien inférieur au coût proposé par les énergies renouvelables éolienne (entre 70 et 250 euros par MWh, l’offshore étant bien plus cher) et solaire (plus de 150 euros le MWh), seules énergies propres capables de rivaliser. Dans ce cadre, et même s’il ne fait aucun doute que ces énergies renouvelables parviendront dans l’avenir à un stade de rentabilité et de compétitivité bien supérieur, un abandon précipité de l’énergie nucléaire serait tout à fait contre productif sur le plan environnemental (en augmentant le recours aux énergies fossiles) et économique (en augmentant la facture des consommateurs).
Autre preuve s’il en était besoin, un rapport du gouvernement japonais a démontré encore récemment que l’énergie nucléaire restait l’énergie la moins chère au Japon et cela malgré les nombreux investissements de maintenance et de sécurité imposés par les nouvelles normes de sûreté établies suite à la catastrophe de Fukushima en 2011. Selon ces estimations, la production d’énergie nucléaire coûtera 10,3 Yens par kilowatt-heure d’ici 2030, contre environ 13,6 Yens pour l’éolien terrestre, 30,3 Yens pour l’éolien offshore ou 15 Yens pour le solaire à grande échelle. Un argument de poids pour le gouvernement de Shinzo Abe qui n’a jamais caché sa volonté de conserver l’énergie nucléaire comme une composante déterminante du mix énergétique national pour garantir un approvisionnement stable et rentable.
Crédits photo : Stephan Kuhn