Total : son projet de bioraffinerie inquiète ses concurrents

Total : son projet de bioraffinerie inquiète ses concurrents

raffinerieTotal veut consacrer sa raffinerie de la Mède à la production des biodiesels, qui inquiètent les producteurs de biodiesel.

 
Les producteurs de biodiesel, dont le groupe, Avril doit faire face au nouveau projet de Total qui va consacrer sa raffinerie à Mède pour la production de biodiesel. Le groupe pétrolier a annoncé sa nouvelle stratégie la semaine dernière. Total envisage d’arrêter la production de pétrole brut à la fin de 2016 sur son site des Bouches-du-Rhône pour se focaliser sur la production de biodiesel.

 

L’objectif du group est de mettre en place la plus importante bioraffinerie de France et l’une des plus grandes en Europe avec une production annuelle de 500 000 tonnes à partir de 2017.
Cette nouvelle concurrence est déjà dénoncée par les industriels qui estiment une menace sur l’emploi. « Une unité accroissant de 25 % la capacité nationale fera peser une menace réelle sur les usines existantes », a insisté Kristell Guizouarn, présidente du syndicat professionnel Esterifrance. « Or, les filières agricoles et industrielles du biodiesel représentent 20 000 emplois en France » ajoute-t-il. Les producteurs d’oléagineux ont aussi tiré la sonnette d’alarme vendredi. Ils ont affiché leur crainte sur l’impact de ce projet à la production nationale de colza amputée du quart de sa surface. Total reconnaît que son projet a de l’ambition face à la production en France. Cependant, il affirme qu’il ne fera pas concurrence aux producteurs actuels. « Le marché est en pleine croissance et la France importe déjà 400.000 tonnes de biodiesel par an, souligne-t-on dans le groupe. Il y aura de la place pour tout le monde ! »

 
La part d’énergie verte dans les carburants est encore limitée actuellement. Le Conseil, le Parlement et la Commission européenne ont fini par définir le plafond à 7 % du taux d’incorporation des biocarburants de première génération pour mieux gérer l’utilisation des terres arables pour d’autres utilisations que les cultures alimentaires, après des mois de débats. La France a également fixé un plafond à 8 % depuis le 1er janvier. « Mais l’Europe a fixé un taux de 10 % d’incorporation de bio dans les carburants en 2020 dans une directive et la France veut se donner un objectif de 15 % d’énergie verte dans les transports, à l’horizon 2030 », insiste-t-on chez Total.

 

 

Actuellement, le plus important des biodiesels produits en France est soumis à ces limitations, et même la production du groupe pétrolier devrait s’y plier. Total envisage l’utilisation d’huiles végétales d’une valeur de 60 à 70 % : les biocarburants produits seront « de première génération ». Le solde sera fait à l’aide d’huile usagée comme l’huile de friture par exemple.

 
Les autres producteurs ont peurs que le groupe pétrolier s’empare de leur part en employant de l’huile de palme importée à bas prix. « Total, qui est le principal client de la filière en France pourrait évincer les producteurs français au profit de son propre biodiesel » craint Kristell Guizouarn, en insistant sur le fait que la filière vient juste de sortir d’une restructuration. La France avait pris la décision de limiter la part du diesel à 7 % à partir de 2013. Le groupe Avril était contraint de diminuer sa capacité de production de 20 % en France à raison de 2 à 1,6 million de tonnes et en fermant deux unités de production. Total mise surtout sur la qualité de son biodiesel qui est du HVO, qui est facilement assimilable au carburant et que techniquement peut être incorporé sans limites, ce qui n’est pas le cas des esters qui ont des molécules d’oxygène.