Petrobas affiche une perte de 7,1 milliards de dollars en 2014
Le pétrolier a enfin fini par publier ses chiffres 2014. Le scandale de corruption associé à la ramification politique dans lequel il s’est retrouvé lui a valu près de 2 milliards de dollars.
Pétrobas a publié ses résultats financiers pour 2014 mercredi, et comme on s’y attendait, les chiffres ne sont pas bons du tout. En effet, le groupe pétrolier a réalisé une perte de 21,6 milliards de réais ou 7,1 milliards de dollars en 2014.
Le préjudice subi par la compagnie lors de l’affaire de corruption découverte dans l’entreprise en 2014 lui a coûté près de 6,2 milliards de réais soit 2,05 milliards de dollars. Le scandale avait même fait trembler le gouvernement de Gauche Dilma Rousseff. Les Brésiliens ont même manifesté pour exiger la destitution de la présidente.
Petrobas a également annoncé des dépréciations d’actifs de près de 14,8 milliards de dollars suite au report de projets de raffineries.
L’énorme scandale à ramifications politiques a empêché le groupe de publier des comptes validés par Price Waterhouse Coopers, un auditeur externe. Cela avait provoqué une importante chute de ses actions en Bourse. La publication de ces résultats est « un pas fondamental en direction du recouvrement de la pleine crédibilité de la compagnie » a expliqué le nouveau président de Petrobas, Aldemir Bendine, pendant une conférence de presse donnée au siège du groupe à Rio de Janeiro.
« À partir de maintenant, Petrobras garantit à nouveau la normalité de ses relations avec ses investisseurs (…). Nous divulguons avec transparence et clarté les chiffres de 2014 », a-t-il ajouté.
La compagnie a fait un surcoût de 3% sur les contrats signés avec 27 sociétés sous-traitantes rassemblées au sein d’un cartel illicite pour calculer les pertes que la corruption a engendré. Ces sociétés se partageaient les marchés Petrobas et payaient à tour de rôle des pots-de-vin aux anciens directeurs de la compagnie, contre des contrats. Une partie de ces pots-de-vin auraient été versés à des personnalités politiques, dont des parlementaires, des députés, des sénateurs de la coalition de centre gauche au pouvoir.
Face aux accusations, l’ex-trésorier du Parti des travailleurs, Joao Vaccari a quitté son poste après sa détention provisoire. Treize sénateurs, deux gouverneurs, vingt-deux députés et plusieurs ex-fonctionnaires ont également été visés.
Les analystes estiment que Petrobas devrait « nettoyer » ses comptes pour éviter un défaut de paiement partiel de sa dette qui s’élève à près de 140 milliards de dollars.
Petrobas avait jusqu’à mai pour publier ses comptes validés par un auditeur externe afin que les investisseurs ne demandent pas un paiement anticipé de bons de près de 56 milliards de dollars. La publication des résultats provoque un effet positif sur le marché selon le ministre de l’économie Joaquim Levy : « Ce sera très bon (…) Je crois que le marché y verra une reconstruction dans Petrobras », qui mène une enquête « transparente » sur le réseau de corruption.
Le groupe avait déjà ajouté un résultat trimestriel non audité le 28 janvier, ce qui lui a permis de garder ses actions aux Bourses de São Paulo et New York, et entraîné la chute de la présidente de Petrobas de l’époque Graça Foster, une femme de confiance de Dilma Rousseff.
Sous la direction de Bendine, un ancien président de Banco do Brasil, Petrobas a pu faire rabaisser sa dette à la catégorie spéculative selon l’agence Moody’s.
depuis le scandale en octobre, Petrobas perd 27 milliards de dollars de sa valeur boursière à cause de la corruption, mais surtout par la chute du prix du pétrole et la dépréciation du réal face au dollar. Ses actions ont quand même grimpé de 50% durant les 30 derniers jours, et ce, avec les rumeurs de divulgation prochaine des résultats.
Petrobas a également annoncé une réduction de ses investissements en 2015 et 2016 de 13,7 milliards de dollars, afin d’avoir de liquidité et assurer ses besoins de financements pour l’année.