Delhi ne veut pas construire les Rafales en Inde
Le ministre indien de la défense avait annoncé que toute commande supplémentaire de Rafale en plus des 36 déjà commandé serait conclue de gouvernement à gouvernement. L’appel d’offres MMRCA que Dassault avait négocié depuis trois ans ne tient plus.
Encore un rebondissement dans l’histoire du Rafale en Inde. Le ministre de la Défense Manohar Parrikar a annoncé tout achat en plus des 36 Rafales déjà commandé « se fera exclusivement de gouvernement à gouvernement « . Cette déclaration implique que le contrat dit MMRCA effectué depuis trois ans par Daussault ne sera plus d’actualité. Les parties concernées ont quand même sous-entendu que les négociations sur les commandes de 126 appareils se poursuivront.
Ce qui est évident c’est que l’on assiste à l’enterrement du contrat MMRCA, un appel d’offres lancé en 2007 qui disait que les 18 premiers avions seraient fabriqués chez l’avionneur et les 108 suivants en Inde, et ce dans un cadre de transfert de technologie ambitieux et inédit.
Dassault avait remporté les négociations en 2012 et continuait de mener les débats exclusifs avec Nex Delhi jusqu’à ce qu’il se heurte à la question de responsabilité industrielle et le coût de fabrication en Inde. À cause d’un manque de savoir-faire, il a nécessité près de 2,7 fois plus de temps à HAL de fabriquer les Rafales, plus qu’ils sortaient de l’usine Dassault à Mérignac.
Manohar Parrikar avait employé des mots très durs pour les négociations avec Dassault ce lundi devant les journalistes. Les discussions étaient aspirées dans un « vortex », une spirale destructrice entrainant les négociants dans « la confusion et le chaos ». Ainsi la seule confusion possible est de passer un accord direct de gouvernement à gouvernement pour répondre à l’urgence du besoin.
Mais le ministre s’est montré ferme : il n’envisage surtout pas de monter de front deux acquisitions, dont la technique d’appel d’offres et la formule de gouvernement à gouvernement.
« Une voiture ne peut pas voyager sur deux routes différentes « , a-t-il expliqué, ajoutant qu’en conséquence, toutes les acquisitions se passeraient dorénavant par voie gouvernementale. Le ministre a également évoqué sur CNN-IBN que le Rafale est un « avion cher et qui fallait donc prendre des mesures ».
La principale question qui se pose côté indien suite à l’enterrement du contrat MMRCA, c’est le processus « Make in India » du transfert de technologies et de localisation de production. Le premier ministre Narendra Modi. Parrikar était plus évasif à ce sujet, il a juste annoncé que » la composante Make in India de l’accord sera discutée entre les ministères « .
S’il y a des commandes de Rafale supplémentaires, il serait possible que des sous-traitants indiens seront appelés dans la fabrication, ce qui leur permettra de renforcer leur valeur ajoutée, mais sous la surveillance de Dassault, Thales ou Safran.
Cependant, le contrat MMRCA suit les règles de transfert de technologie en vigueur même si l’appel d’offres a été lancé il y a 8 ans.
Ces règles ont été assouplies depuis, mais ne sont plus applicables pour un programme qui devrait continuer jusqu’en 2010. « Les Britanniques ont exercé une énorme pression pour que ces règles soient bien respectées avec Dassault, laissant planer la menace d’un recours en justice « , explique-t-il. « Tuer » l’appel d’offres, c’est une manière de s’affranchir du carcan de ces règles.
Le plus important est maintenant de savoir s’il y aura d’autres commandes de Rafale en plus des 36 qui ont déjà été commandés. Pour y répondre, il est nécessaire de conclure déjà le premier contrat. Mais avec les besoins de sécurité du pays, il est impossible d’envisager l’Inde d’en rester là, sauf s’il pense mettre en place une micro-flotte qui est assez coûteuse. Les analystes indiens se demandent même si New Delhi n’envisage pas de choisir d’autres appareils moins couteux pour limiter ses achats de Rafale en dessous des 126 estimés.
crédit photo: wikipédia