Airbus Helicopter : un carnet de commandes bien garni
Après avoir remporté son premier contrat il y a 10 ans pour la fabrication des hélicoptères de transport militaire, Airbus Helicopters vient de signer un nouveau gros contrat, c’est la première fois que l’aéronautique européenne vient d’avoir une commande historique de la Corée du Sud. Séoul vient de passer un contrat pour 300 appareils civils et d’attaque.
« Ce contrat exceptionnel par son ampleur porte sur le développement et la fabrication de 214 hélicoptères militaires d’attaques et une centaine d’appareils civils destinés au marché civil et parapublic coréenne », a déclaré le vice-président d’Airbus Helicopters en Asie du Nord, Norbert Ducrot à l’AFP
Ces appareils ne seront pas fabriqués uniquement par Airbus, mais en partenariat avec Korea Aerospace Industries « l’industriel de référence coréenne dans le secteur de l’aérospatial et de la défense « , souligne l’expert aéronautique au cabinet de conseil Archery strategy consuting, Stephane Albemhe.
Airbus Helicopter et KAI vont développer ensemble deux types d’appareil, l’un sera un appareil civil, le LCH (Light Civil Helicopter) qui sera conçu à partir du modèle de basse de l’EC155 B1, la toute derniere version du Dauphin. Ce même modèle sera développé par KAI pour fabriquer un modele militaire léger, le LAH (Light Armed Helicopter).
Les premières livraisons du LCH et l’entrée en service du LAH sont prévues respectivement entre 2021 et 2022. Ce gros contrat représente pour la seule part d’Airbus 1,5 milliard d’euros.
Les commandes de ces appareils sont seulement pour renouveler une partie de la flotte de l’armée coréenne, qui était composée principalement des McDonnel 500, en leurs possessions depuis des décennies d’après les responsables de KAI.
Pour finaliser le contrat entre KAI et Airbus Helicopters, KAI doit signer l’accord final avec le gouvernement, « C’est un accord d’autant plus structurant qu’il prévoit un volet exportations », a expliqué M. Ducrot.
La fabrication de ces appareils LCH et LAH peut être bénéfique pour Airbus, il estime que les ventes atteindront 600 appareils « ce qui peut représenter pour Airbus Helicopters un revenu de plusieurs milliards d’euros dans les 20 prochaines années, si l’on ajoute les opérations de support et de maintenance ».
« Il s’agit là d’une commande majeure de par son ampleur : 200 hélicoptères (d’attaque) représentent 30 % du marché annuel mondial de ce segment », selon Philippe Plouvier, spécialiste aéronautiques et de défense au cabinet de conseils The Boston consulting group.
Airbus Helicopters, filiale d’Airbus Group va renforcer sa présence mondiale grâce à cette commande, et marque aussi l’ouverture des pays auparavant considéré comme la chasse gardée des États-Unis vers d’autres constructeurs.
« La vente d’un hélicoptère d’attaque n’est évidemment pas un acte anodin, ni de la part de la France, ni de la part de la Corée », poursuit M. Plouvier. « Ce succès, qui suit de près celui de la Rafale (de Dassault Aviation) en Égypte, démontre que la France et l’Europe peuvent avoir l’ambition d’être une alternative au choix d’une solution américaine ou russe ».
« Ce succès est à mettre au crédit de la politique commerciale et industrielle d’Airbus Helicopters fondée sur une présence forte en Asie et (…) une coopération industrielle dans la durée », ajoute Philippe Plouvier. Mais pour faire concurrence aux autres constructeurs, Airbus essaie toujours d’adapter son offre aux besoins de ses clients, « flexibilité rarement offerte par les constructeurs américains », prétend-il.
L’expert aéronautique Stéphane Albermhe avoue que « Ce contrat arrive au bon moment pour Airbus Helicopters qui a besoin de consolider sa place de leader sur le marché civil, notamment vis-à-vis de Bell et AgustaWestland, et de regonfler son carnet de commandes militaire », et que « Grâce à cette nouvelle coopération, nous pensons pouvoir doubler ce chiffre dans les 20 prochaines années »