Les industries culturelles européennes en souffrance face au piratage
Si la numérisation progressive des bien culturels est appelée à long terme à améliorer les revenus issus de la filière, ce phénomène, qui s’est accompagné depuis les années 2000 d’un développement croissant des pratiques de téléchargement illégales, a dans un premier temps plombé l’expansion des industries culturelles à l’échelle européenne. Des industries créatrices qui éprouvent depuis plusieurs années les plus grandes difficultés à renouer avec la croissance alors même que les plateformes de diffusion en ligne connaissent désormais un large succès .
Selon un rapport publié en fin d’année 2014 par le cabinet d’étude TERA Consultants pour le compte du Forum d’Avignon, association regroupant les principaux acteurs du secteur culturel, les industries créatives ou culturels stagnent dangereusement et auraient même enregistrer un léger recul de leur activité sur la période 2008-2011 dans les principales économies européennes telles que l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
Évaluant la contribution des industries créatives à l’économie de l’Union et à l’emploi ainsi que leur évolution ces dernières années, les conclusions de cette étude sont en effet des plus alarmantes. Les retombées liées aux bons résultats des services de streaming n’auraient pour l’instant pas eu d’impact et la révolution numérique aurait toujours bien du mal à dynamiser le marché de l’emploi.
Les industries créatrices des pays membres de l’UE représentaient pour l’exercice 2011 6,8 % du Produit intérieur brut de l’Union européenne (860 milliards d’euros), soit une baisse de 0,28 % par rapport à 2008. De même pour l’emploi qui aura reculé dans ce secteur sur cette période de 2,65 %.
Principal responsable selon TERA Consultants, l’absence de réglementation régissant le piratage sur le web et cela quelque soit le pays européen. Car si la France avec la Hadopi, ou encore l’Espagne et le Royaume Uni se sont dotés de loi protégeant les œuvres sur internet, aucune n’a pour l’instant eu réellement d’effets sur le téléchargement illégal.
Une inefficacité qui coûte cher. Le Forum d’Avignon avait estimé lors d’une première étude, le manque à gagner pour l’industrie créative européenne entre 166 et 240 milliards d’euros à l’horizon 2015 et entre 600.000 et 1,2 million d’emploi sacrifiés. Le piratage serait donc le principale responsable et entraverait de manière significative la croissance des entreprises culturelles européennes. Entre 2008 et 2011, il serait à l’origine d’une destruction de valeur de plus de 20 milliards d’euros et d’une perte effective de 189.633 emplois (chiffres établis pour les 5 principales économies de l’UE).
Crédits photo : Heinrich Böll Stiftung