Le terminal méthanier de Dunkerque : un exemple pour le gaz naturel marocain
Le réchauffement diplomatique qui s’est opéré cette semaine entre le Maroc et la France suite à la visite du Roi Mohammed VI à l’Élysée marque un nouveau départ dans les relations franco-marocaines et ouvre la voie à de nouveaux programmes de coopération économique. Si ces deux pays ont toujours été des partenaires privilégiés dans de nombreux domaines comme les transports, les télécommunications ou le tourisme, la filière énergétique constitue aujourd’hui un secteur porteur entre un pays contraint de diversifier son mix énergétique et un autre disposant des technologies et d’un savoir-faire reconnu.
Le Maroc s’est lancé en effet depuis plusieurs années dans un programme ambitieux de renforcement de son réseau et de diversification de son mix énergétique, trop largement dépendant aux combustibles fossiles. Très peu pourvu en ressources naturelles, le royaume ne produit presque pas d’hydrocarbures et doit importer 95% de l’énergie qu’il consomme. Une situation intenable sur le long terme qui pousse aujourd’hui le gouvernement à adopter une nouvelle stratégie de diversification énergétique via le lancement de nombreux programmes de développement des énergies renouvelables éolienne et solaire et l’investissement dans la filière gazière.
Comme annoncé le 16 décembre dernier par le ministre de l’Energie Abdelkader Amara, le Maroc entend développer l’exploitation du Gaz Naturel Liquéfié d’ici 2021 afin de réduire sa dépendance aux importations de gaz algérien et produire de l’électricité. Il prévoit ainsi d’investir plus de 4,6 milliards de dollars dans le Gaz Naturel Liquéfié (GNL)via la construction d’un nouveau terminal méthanier et d’autres infrastructures pour faire passer la part du GNL dans le mix énergétique du pays à plus de 30%.
Dans ce cadre, difficile de ne pas évoquer l’immense chantier actuellement en cours en France sous la tutelle du groupe EDF (via sa filiale Dunkerque LNG) et qui s’impose comme une installation unique en son genre et à la pointe de la technologie gazière. Lancé en 2012, le chantier du terminal méthanier de Dunkerque mobilise plus de 2 milliards d’euros d’investissements et représentera, avec une capacité de 13 milliards de m3 par an, près de 20% des consommations française et belge réunies.
Basé sur un ingénieux processus de réchauffement du GNL exploitant la chaleur existante des eaux rejetées par la centrale nucléaire de Gravelines située à cinq kilomètres, ce nouveau terminal méthanier nouvelle génération évitera l’émission de 50.000 à 100.000 tonnes par an de CO2. Cette solution permet en effet d’éviter au terminal de brûler du gaz pour réchauffer l’eau utilisée pour regazéifier le GNL, procédure indispensable à son exploitation et généralement très coûteuse en énergie.
Une innovation qui pourrait faire des émules de l’autre côté de la Méditerranée et qui permettrait ainsi de cumuler un développement harmonieux du gaz naturel et le respect de l’environnement dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Selon les estimations du gouvernement marocain, la consommation de gaz naturel du royaume passerait de 0,9 milliard de m3 en 2014, à 3,5 milliards de m3 en 2025 (contre environ 45 milliards m3 pour la France).
Cela étant, le projet gaz naturel marocain reste pour l’instant au stade de l’annonce et le plan de financement n’a toujours pas été précisé. L’ONEE (société électrique nationale marocaine) connaît en effet des difficultés financières et la question de recourir à des opérateurs privés reste entière. Une opportunité à saisir pour les industriels français…