Economie : François Hollande doit tenir pour rebondir
Sondages en berne. Croissance en panne. Impuissance face au chômage. Au-delà des remous de l’actualité (démission de Thomas Thévenoud et livre de Valérie Trierweiler), c’est ce triptyque de mauvaises nouvelles qui pèse sur la rentrée de François Hollande et assombrit son avenir politique. Pourtant, au milieu de la tempête, l’unique voie de salut du président de la République tient dans sa capacité de résilience pour imposer son projet réformateur. Un devoir de stabilité indispensable alors que la grogne sociale monte de toutes parts.
Une des critiques récurrentes à l’égard de François Hollande concerne son incapacité à tenir un cap, obsédé par le court-terme et les rapports de force. Si les deux ans et demi passés à l’Elysée donnent en partie raison à ses détracteurs, il semblerait que la voie de la social-démocratie qu’il a fini par assumer avec la nomination de Manuel Valls à Matingon et plus récemment d’Emmanuel Macron à Bercy, représente la véritable pensée politico-économique du chef de l’Etat.
Cette social-démocratie enfin assumée, au grand dam de tout une frange de la majorité socialiste, pourrait au final servir de planche de salut pour un président qui a un besoin urgent de résultats s’il veut être en mesure de se représenter en 2017. Finis les atermoiements du début de mandat : aujourd’hui, la ligne politique est claire, l’autorité du premier ministre plus marquée qu’avec Jean-Marc Ayrault, et le gouvernement a enfin trouvé une cohérence politique.
François Hollande doit donc faire fi des attaques des « frondeurs », de plus en plus nombreux à mesure que leur discours porte dans l’opinion publique. Il doit surtout donner à son gouvernement les moyens d’agir sur le long-terme. Cela veut dire que, sauf accident, l’équipe gouvernementale autour de Manuel Valls ne doit plus bouger pour un bon moment… peut-être même jusqu’en 2017. A charge pour le premier ministre de ressortir en un seul morceau de la lessiveuse de Matignon.
De toute façon, François Hollande et Manuel Valls n’ont pas d’autre choix que de réussir ou de sombrer ensemble. Rien de tel pour souder le couple exécutif malgré les ambitions de l’un et de l’autre. L’ambition même de Manuel Valls offre à François Hollande la protection d’un fusible que ne pouvait pas jouer Jean-Marc Ayrault, Monsieur Loyal trop neutre pour pouvoir se démarquer de la ligne présidentielle. Et une dégringolade de François Hollande entraînerait son premier ministre dans sa chute.
Malgré les exhortations de l’aile gauche de sa majorité, François Hollande doit également rester inflexible dans son rapport avec la chancelière allemande Angela Merkel. La confrontation avec l’Allemagne, voulue par Arnaud Montebourg et les frondeurs ne peut être qu’un échec, voire une humiliation, pour la France. A cette approche frontale, François Hollande doit également persévérer dans sa quête d’alliés pour faire évoluer le rapport de force au niveau européen et imposer collégialement des inflexions économiques à l’Allemagne.
Lestée par la dette et une économie en panne, la France n’a pas les moyens de peser seule face au poids-lourd allemand. Les gesticulations franchouillardes resteront stériles tant que le chef de l’Etat ne ralliera pas à sa cause une majorité de pays membre. C’est ce qu’il s’évertue à faire… pour le moment sans grand succès il faut le reconnaître.
Quoiqu’il en soit, François Hollande, s’il veut survivre à cet automne potentiellement apocalyptique, doit s’accrocher à ses fondamentaux et chercher à survivre en gardant le cap et sans faire de remous inutiles. A ce titre, il est intéressant de noter que deux PDG de groupes publics en fin de mandat, qu’on disait un moment sur la sellette, Henri Proglio (EDF) et Christophe Blanchard-Dignac (FDJ), devraient finalement être reconduits. Une prime aux sortants qui exprime bien le besoin de stabilité de François Hollande : en ces temps agités, le président se garde bien de prendre des risques là où ce n’est pas essentiel.
Car le chef de l’Etat redoute, comme nombre d’observateurs, un automne social des plus agités qui fragiliserait encore l’exécutif. Les signes de ras-le-bol sont palpables aux quatre coins du pays et le gouvernement doit jouer sur du velours pour éteindre un à un les foyers potentiels de contestation. Mais avant la rue, il y a les urnes…
Et l’effort de stabilité et de continuité impulsé par François Hollande devra passer, dans les jours à venir, l’écueil du vote de confiance devant l’Assemblée Nationale. Manuel Valls ne semble pas particulièrement inquiet de cette échéance et veut croire que le gros de la tempête de cette rentrée est désormais derrière lui. L’annonce de l’abstention des frondeurs socialistes pourrait même finalement être une bonne nouvelle pour le gouvernement.