Bitcoin : intérêt et fonctionnement de cette monnaie du futur
Selon un rapport public sorti le lundi 4 août 2014, le bitcoin serait une « chance pour l’économie ». Adoré par certains, diabolisé par d’autres, il n’est pas aisé de savoir à quel saint se vouer quand on en vient à parler du bitcoin. C’est pourquoi il est intéressant de comprendre de quoi il en retourne pour éviter tout dogmatisme et usage intempestif de poncifs face à cette monnaie virtuelle qui déchaîne tant les passions.
Mais d’abord, c’est quoi le bitcoin ?
Le mot bitcoin est composé de coin (pièce de monnaie en anglais) et de bit (unité de base de tout système informatique, en binaire). Ce terme désigne deux choses à la fois : les « jetons numériques » qu’il est possible d’acquérir sur Internet grâce à cette technologie, et le réseau qui permet de payer avec ou de les échanger. Il est d’usage d’affubler le terme désignant le réseau « Bitcoin » d’une majuscule pour le différencier de son unité de mesure.
À quoi ça sert ?
Selon les adeptes de ce moyen de paiement novateur, il s’agirait de la première devise monétaire internationale (comme le dollar ou l’euro) décentralisée, c’est-à-dire ne dépendant d’aucune banque centrale comme la FED (Réserve fédérale des États-Unis) ou la BCE (Banque centrale européenne). Cette devise s’échange sous forme de « jetons » sur Internet, de pair à pair. Ce phénomène d’échange de particulier à particulier présente de nombreux avantages : les frais de transactions se trouvent réduits, les bitcoins s’échangent « aussi facilement qu’un mail »… Il s’agit en somme d’un mode de paiement en ligne qui se veut sûr, pratique, transparent et indépendant. Son intérêt fondamental est de transférer de l’argent à l’international sans passer par les intermédiaires conventionnels comme Paypal, Visa ou encore Mastercard. De plus il est désormais possible d’acheter des biens de consommation sur Internet directement avec des bitcoins.
Comment éviter les « faux monnayeurs du web » ?
Pour que les pièces ne soient pas falsifiées et qu’il n’y ait pas de fausse monnaie, chaque bitcoin porte en lui une forme de registre où apparaît la chaîne des utilisateurs qui ont possédé ce bitcoin. D’une certaine façon, pour vérifier qu’un bitcoin est bien authentique, celui-ci s’identifie par son historique de transfert, qui doit correspondre avec les registres du réseau. Pour prouver son authenticité, le bitcoin met aussi à disposition du réseau son ADN, à savoir les signatures cryptographiques de tous ses précédents possesseurs. En outre, pour s’identifier sur les plateformes d’échange de bitcoins, il est nécessaire de montrer patte blanche : identification avec signature cryptographique, copie d’un RIB, justificatif de domicile et scan de pièce d’identité.
Mais alors comment vérifier rapidement l’authenticité de tous les bitcoins échangés sans « super-ordinateurs » détenus par une autorité centrale ?
Pour pouvoir débouter les faux monnayeurs du Net, le système a besoin d’une force de frappe calculatoire énorme. Pour résoudre ce problème, la plateforme fait appel aux ordinateurs des autres. Plus concrètement, la plateforme encourage les utilisateurs disposant d’ordinateurs puissants de les aider à réguler le réseau. En échange de ce « prêt » de puissance calculatoire, les propriétaires des ordinateurs (appelés mineurs dans le jargon Internet) reçoivent des bitcoins. La métaphore de la mine est utilisée par la plateforme pour donner l’impression à ceux qui font tourner le logiciel de régulation du réseau qu’ils sont en train de chercher de l’or dans une mine. Les mineurs sont donc la clef de voûte de ce système décentralisé car la seule chose qui empêchait l’émergence d’un tel réseau d’échange de monnaies alternatives sur Internet était le manque de puissance de calcul informatique. C’est d’ailleurs pour cette raison que de telles initiatives avaient déjà vu le jour à échelle moyenne (en Islande par exemple), mais jamais à échelle mondiale.
Ainsi, la gestion de la validité des transactions et de la création de bitcoin est prise en charge par l’intégralité du réseau et par de puissants algorithmes. Par ailleurs, l’origine des calculs algorithmiques reste encore très floue car ces derniers ont été mis en ligne en 2008 par un internaute qui voulait rester anonyme sous le pseudonyme de Nakamoto. Il a progressivement disparu de la circulation en arrêtant d’envoyer des mails cryptés à ceux qu’il avait pourtant aidé à mettre en place l’architecture première du réseau lors de son lancement.
Qui crée les bitcoins ?
Les bitcoins sont créés ex nihilo par le réseau. Toute les 10 minutes, les ordinateurs qui calculent et valident les transactions se voient proposer une course au calcul, ce qui permet à l’ordinateur gagnant de toucher 25 bitcoins. Malheureusement, à l’inverse des débuts de la « ruée vers les bitcoins », il est désormais nécessaire de posséder des appareils très spécialisés et uniquement tournés vers cet objectif pour espérer toucher les précieux bitcoins.
Quelles dérives et quelles perspectives ?
Cependant, le monde des bitcoins n’est pas tout rose. Au regard des nombreuses arnaques, il est préférable de ne pas acheter des bitcoins en dehors des plateformes sérieuses et sécurisées. Récemment, un important réseau illégal d’échange de bitcoins a été démantelé en France par exemple. De plus, les bitcoins sont parfois utilisés pour réaliser des transactions illicites, de drogues par exemple, même s’il n’agit pas non plus de la majorité des échanges.
Philippe Marini (UMP), signataire du rapport public évoqué plus haut, estime que « l’attention accordée presqu’exclusivement aux risques revient à ignorer les multiples opportunités qu’ouvrent les monnaies virtuelles. Ce n’est pas parce qu’une innovation vient mettre au défi nos conceptions traditionnelles de l’économie et de la souveraineté qu’il faut les rejeter en bloc ». Selon lui et François Marc (PS), lui aussi signataire, le « protocole de validation des transactions entièrement décentralisé, auditable par tous et très sécurisé » est une chance qui doit être accompagnée mais aussi encadrée. Reste à savoir comment…
Crédits photo : Pixabay
Thomas Perard
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