Sous l’impulsion de Dominique Cerutti, Euronext vise le leadership en Europe
Dans un entretien à Reuters, le directeur général d’Euronext, Dominique Cerutti, a déclaré vouloir devenir un leader de la levée de fonds en Europe. En dépit de la baisse du cours de l’action, il a également jugé le bilan de l’introduction en Bourse de l’opérateur boursier « très positif ».
« Euronext veut financer l’économie européenne »
La place boursière européenne Euronext a divorcé de la Bourse américaine NYSE avec laquelle elle était associée depuis 2007. Désormais cotée seule, Dominique Cerutti appelle à un redéveloppement pour ne pas se laisser distancer en Europe. La séparation de NYSE constitue une première étape de cette nouvelle croissance. « La fusion avec le NYSE avait été élaborée avant la crise de 2008, qui a radicalement changé la planète financière. Le modèle Nyse-Euronext avait sa place dans un monde globalisé dans toutes les classes d’actifs et permettait aux entreprises de lever des capitaux sur les marchés internationaux », affirme t-il.
La crise de 2008 a mis à mal cette organisation. « Les projets majeurs pour un groupe global et au large champ d’activités impliquaient mal Euronext. On se souciait de savoir où Facebook, où LinkedIn allaient se coter, et pas forcément d’Euronext qui souhaitait se focaliser sur les PME européennes. Nos activités étaient sous-exploitées », constate Dominique Cerutti. La page tournée, il se félicite maintenant de l’entrée en Bourse d’Euronext le 20 juin, au prix de 20 euros par action valorisant la société à 1,4 milliard d’euros. « C’est un bilan très positif. ICE attachait certes une importance au prix mais il souhaitait surtout se désinvestir à 100% dans un laps de temps donné. C’est ce qui a été fait », affirmait le directeur général d’Euronext.
Les PME, une des priorités d’Euronext
Quelles seront désormais les priorités d’Euronext, la Bourse pan-européenne ? A écouter Dominique Cerutti, les PME sont les premières ciblées. « L’offre EnterNext, qui vise à attirer les PME françaises et européennes vers la Bourse, mais aussi à leur offrir d’autres services de financement, a été lancée il y a un an et marche bien : nous avons déjà rencontré 480 PME. Plusieurs dizaines s’introduiront en Bourse cette année. Nous aurons réalisé plus d’opérations en six mois qu’au cours de l’année 2013, c’est à dire 25 introductions, dont 21 dues à EnterNext », détaille t-il.
Financer les PME, mais aussi corriger ses points faibles. Le marché des dérivés est en effet une des activités les plus rentables, mais qu’Euronext a très peu développée. Le directeur général accepte le constat et affiche ses ambitions : « Dans l’organisation de Nyse-Euronext, ces activités de dérivés n’ont pas été développées chez nous, mais à Londres. Nous travaillons sur toute une gamme de produits, sur les matières premières, les indices, les obligations, la dette titrisée… Nous avons lancé plus de produits depuis le début 2014 qu’au cours des deux dernières années ».
Interrogé sur l’attractivité de la Place de Paris, Dominique Cerutti a enfin estimé que des progrès restaient à faire, d’autant plus que la France, contrairement aux idées reçues, serait dotée d’une forte capacité d’innovation. Faire sauter les obstacles pour que les entrepreneurs puissent concrétiser leurs projets est donc une mission d’intérêt général, dont Euronext se soucie. « On ne peut pas abdiquer, abandonner aux Anglo-Saxons la définition des marchés financiers. C’est un problème de souveraineté financière de l’économie qui se pose », a t-il conclut.