La construction (intelligente) comme moteur de la relance
Si certains se plaisent à souligner un début de retour de la croissance, les signaux qui indiquent que l’économie française est encore retenue par des forces conservatrices sont nombreux. L’avenir du pays est en jeu, mais la France reste encore trop souvent spectatrice de son destin et n’ose pas aller de l’avant. Les projets qui peuvent participer d’un retour de la croissance existent, mais ne sont pas développés à leur juste mesure.
0,3 % de croissance et les sourires reviennent sur les visages. C’est en tout cas l’étrange phénomène auquel on assiste auprès de certains membres du Gouvernement et de la majorité. Si 0,3 c’est toujours mieux que 0,1 cela reste bien insuffisant pour enrayer la progression du chômage et déclarer que « la confiance est retrouvée ». Le chômage ne connaîtra de baisse durable qu’avec une croissance de l’ordre de 2 %. Loi de l’économie, les responsables politiques ne peuvent pas faire l’économie de la loi du système.
Afin d’éviter de s’enliser encore un peu plus dans une situation à la japonaise où en plus d’avoir une croissance chroniquement rachitique, la déflation frappe (nouveau risque bien réel dans l’UE et en France), le Gouvernement a tout intérêt à miser sur l’avenir et à porter des projets qui vont changer nos modes de vie et nourrir les fruits d’une croissance retrouvée.
Passer de la courte vue au long terme
Le quinquennat oblige les hommes politiques à trouver des solutions rapidement à des problèmes complexes qui nécessitent du temps et une volonté sans faille. Cette nouveauté politique en France n’explique pas tout, mais il a beaucoup contribué à la prise de mesurettes sans efficacité économique à moyen et long termes. Les emplois aidés, les niches fiscales mal conçues, les crédits d’impôt mal pensés… tous ces remèdes élaborés dans la précipitation se transforment en boulets de l’économie française et annihilent toute volonté de penser et résoudre les problèmes de fond. Le court terme a pris le pas sur une vision dans la durée pourtant essentielle pour diriger une puissance économique qui souhaite le rester.
L’Airbus de l’énergie est symptomatique d’un manque cruel de réflexion de la part de l’Etat. Le président fait appel aux mannes des grands succès industriels communs avec nos partenaires européens, mais c’est oublier que les succès passés ont été conçus au fil des ans et d’un studieux travail. L’idée d’Airbus n’a pas été lancée à la volée au cours d’une conférence de presse. L’objectif était de créer un fleuron industriel et non de calmer les attentes légitimes de Français qui sentent que rien n’est fait pour relancer la machine économique.
Le temps est aux grands projets soutenus par l’Etat et les collectivités territoriales. Les esprits chagrins diront qu’il faut en finir avec les dépenses publiques et que seul le secteur privé pourra faire renouer la France avec la prospérité. L’histoire a cependant montré que des impulsions ambitieuses et bien pensées peuvent devenir le moteur d’une croissance forte. De grandes infrastructures peuvent-elles voir le jour sans un élan, des aides venues de la puissance publique ? Alors que la Fédération Nationale des Travaux Publics tire la sonnette d’alarme pour les mois à venir, le désengagement de l’Etat dans les grands projets d’infrastructures fait craindre le pire pour les investissements porteurs. L’entretien des routes, la construction de nouvelles lignes de train pour désenclaver certaines régions, l’agrandissement de ports de commerce, tous ces impératifs sont aujourd’hui mis de côté et rendront rapidement à terme la France moins agréable à vivre et beaucoup moins attractive pour les entreprises.
Les investissements publics sont en chute libre et les secteurs d’avenir tardent à émerger. C’est le cas des smart grids ou compteurs intelligents qui ne bénéficient pas d’un soutien assez important des pouvoirs publics pour accélérer un changement de notre mode de vie pourtant trop destructeur de richesses. Les énergies fossiles sont de plus en plus difficiles à extraire et sont chères pour le consommateur. La consommation doit être plus responsable et les compteurs intelligents sont la clé pour changer d’ère.
Encore une fois, malheureusement, les projets ne se bousculent pas et seuls Gazpar et Linky émergent. Le compteur Gazpar élaboré par GDF a pour but de diminuer in fine, la facture de gaz pour le consommateur. Ce petit appareil est directement inspiré du compteur intelligent Linky développé par ERDFqui sera installé dans 35 millions de foyers d’ici 2020. Une mise en place qui permettra d’économiser sur la facture d’électricité et de consommer sans gaspiller. Mais voilà, les projets à grande échelle se comptent sur les doigts de la main alors que tous les économistes parient sur les compteurs intelligents comme fer de lance de la révolution énergétique en cours.
Le fort de Vaujours ou l’inextricable complexité française
La France ne fait donc pas les efforts budgétaires d’avenir nécessaires et se permet même le luxe de se tirer des balles dans le pied. Le pays est malade d’une industrie moribonde et certaines initiatives pour relancer une activité économique créatrice d’emplois sont victimes de cabales menées par ceux-là mêmes qui déplorent le chômage de masse, mais qui n’aident en rien à surmonter le problème. La reconversion du fort de Vaujours illustre le positionnement idéologique d’un parti écologiste français qui n’a plus que la décroissance à l’esprit.
Si des essais ont bien été menés pendant quatre décennies par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), le site a été décontaminé par l’agence et est régulièrement soumis à des analyses par des laboratoires indépendants. Ce site tombé en désuétude a pourtant vocation à redevenir un centre économique important sous la férule de l’entreprise Placoplatre qui compte exploiter la carrière de gypse qui s’y trouve. Du gypse bien utile dans le secteur de la…construction.
Sauf que quelques riverains fermement soutenus par un parti écologiste en quête d’utopiques combats investissent les réseaux sociaux et font état de taux de radioactivité surélevés. Des chiffres démentis à plusieurs reprises par les experts – notamment l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France – mais qui ont affolé certains riverains au grand désespoir d’édiles comme Jean-Jacques Marion, Président de la Communauté d’Agglomération Marne et Chantereine, et soutien du projet de reconversion. Le fort de Vaujours ou comment faire en sorte de ne pas tirer profit du potentiel économique d’un site viable auquel pourraient être rattachée la création de centaines d’emplois directs et indirects.
Les conservateurs sont nombreux et changer le visage de l’économie française est une tâche peu aisée. Malheureusement, ceux qui sont aux manettes de l’économie française n’osent pas bouger et c’est la France qui s’enfonce. A moins que 0,3 % fassent le bonheur des plus de 3 millions de chômeurs en France.
Crédits photo : dalbera