Afrique : sans infrastructures, la croissance n’est rien
Si les prévisions de croissance de l’Afrique subsaharienne cette année (environ 5%) ferait mourir d’envie n’importe quel chef d’Etat européen, elles pourraient être bien plus élevées si le continent africain possédait les infrastructures adéquates. Il y a quelques jours à Brazzaville, le forum Build Africa, organisé par les autorités congolaises et Richard Attias & Associates, a semblé montrer qu’officiels et personnalités du monde des affaires se rejoignaient sur ce point.
Un millier de responsables politiques et économiques, grands patrons et entrepreneurs étaient réunis il y a quelques dans le Palais des congrès de Brazzaville pour Build Africa, un forum organisé par le groupe de Richard Attias, et consacré aux infrastructures sur le continent. Tous ces acteurs se sont mis d’accord sur un constat : les infrastructures défaillantes restent un frein à la croissance économique de l’Afrique.
« Toutes les analyses économiques le disent. Le temps de l’Afrique est arrivé, mais à condition que les infrastructures soient améliorées », a ainsi soutenu Elham Mahmoud Ibrahim, la commissaire aux infrastructures de l’Union Africaine. Celle-ci a mis dos à dos secteurs privés et publics dans sa mise en garde.
Les chantiers sont pourtant nombreux et ambitieux. On peut par exemple citer le pont route-rail Brazzaville-Kinshasa sur le fleuve Congo, le réseau de fibre optique des Grands Lacs ou encore le projet de gazoduc transsaharien entre l’Algérie et le Nigéria. Ils n’en demeurent pas moins insuffisants en termes de financements.
D’après la BAD (Banque africaine de développement), l’Afrique a besoin de 93 milliards de dollars d’investissements en infrastructures par an, mais seuls 45 milliards sont au rendez-vous. « Le résultat : un manque à gagner de 2% du PIB par an », dénonce Jean-Jacques Bouya, ministre de l’Aménagement et des grands travaux de la République du Congo. Les témoignages convergent.
« La forte croissance de l’Internet mobile en Afrique et l’explosion du transfert de données implique une véritable course aux équipements qu’on peine à suivre », explique ainsi Christian de Faria, PDG Afrique de l’opérateur télécom Airtel. De son côté, Dominique Lafont, PDG de Bolloré Africa Logistics, est formel : « les infrastructures sont la condition, sinon suffisante du moins nécessaire, à l’industrialisation ».
Les infrastructures inadaptées affectent les entreprises africaines qui perdraient environ 40% de productivité pour cette raison.
Le forum Build Africa a en tout cas permis de rapprocher les constats et annoncer de nouveaux projets : la Société financière internationale (SFI) et le Congo ont signé un accord pour la construction du barrage hydroélectrique de Sounda, d’une puissance de 1 000 MW ; aussi, un fonds d’investissement de 100 millions de dollars dédié à la chaîne de valeur dans des projets agro-industriels a été créé entre le Congo et le Maroc.
Ces projets seront-ils suffisants pour pallier au manque d’infrastructures permanentes en Afrique ? Ce problème ne pourra être résolu sans lutter contre la corruption et la bureaucratie.