Linky : un compteur communicant pour répondre aux 3×20 européens
Les objectifs de l’Union européenne sont clairs : faire en sorte que 80% des foyers du continent soient équipés de « compteurs intelligents » d’ici 2022. Une requête que la France a décidé de prendre au sérieux. En 2020, 35 millions de compteurs Linky, usinés par ERDF, trôneront dans les maisons et les appartements. Si ces machines ont déjà été installées dans deux zones tests, leur déploiement à l’échelle du pays commencera dès janvier 2014. L’imminence du projet interroge : au fait, pourquoi des « compteurs intelligents »?
On se fera une idée de l’intérêt d’un tel compteur en se remémorant les objectifs de l’UE à l’horizon 2020, inclus dans son paquet climat-énergie : avoir réduit de 20% ses émissions de gaz à effet de serre, intégrer 20% d’énergies renouvelables dans le réseau et réaliser 20% d’économies d’énergie (objectifs dits des « 3×20 »). Si les deux premiers leitmotivs devraient être remplis sans trop de difficultés, l’UE tablant même, au regard des récentes évolutions, sur une réduction de l’ordre de 21% de ses émissions d’ici 2020, le troisième, lui, semble plus difficile à atteindre, à en croire l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).
D’une pierre trois coups, Linky a été conçu pour répondre à ce trio d’objectifs. Ambitieux, le compteur d’ERDF propose pourtant un modèle simple, dans lequel les éléments s’imbriquent et se prolongent naturellement. Il repose sur une idée force : inciter les consommateurs à consommer moins et mieux.
Comment ? Le boitier vert est doté de huit prises, sur lesquelles peuvent venir se ficher autant d’appareils électroménagers ou radiateurs pilotables à distance. L’idée étant de diminuer sa consommation pendant les heures de pointe. Une technique appelée « effacement diffus ». Cette incitation à la vigilance sera d’ailleurs généralisée. Chacun sera encouragé à observer de plus près sa consommation d’énergie, grâce à des relevés en « temps réel » (à 24h près, en fait). Dans l’espoir que ces fréquents rappels à la réalité favorisent les gestes économes. Enfin, les clients d’ERDF seront incités à avoir recours à des énergies renouvelables, souvent intermittentes, lorsqu’une forte disponibilité se fera ressentir sur le réseau. En cas de coup de vent important dans une champ d’éoliennes ou de cagnard sur des panneaux photovoltaïques, par exemple.
En Italie, on a investit dans ce type de compteurs depuis 2001. 12 années et 2 milliards d’euros plus tard, Enel, la société nationale italienne d’électricité, a doté 32 millions de foyers de ces appareils. Plus autonomes, ils permettent de faire l’économie de bon nombre d’interventions à domicile, pour un gain de 500 millions d’euros par an. Soit, selon l’Institut Montaigne, une réduction de 39% des coûts opérationnels, ces derniers passant de 80 à 49 euros par an en moyenne par consommateur.