Plan de sauvegarde de l’emploi: comment gérer les risques psychosociaux?
QualiSocial travaille avec plus de cinquante entreprises qui emploient quelque 100.000 salariés. Parmi ses objectifs: accompagner la prise en charge, lors de Plans de Sauvegarde de l’Emploi (PSE), des risques psychosociaux. Cinq questions ont été posées à Camy Puech, directeur du développement de cet organisme indépendant.
Que sont les risques psychosociaux?
Quand on évoque les « risques psychosociaux », on pense aux suicides, à l’épuisement
professionnel et aux violences, parmi lesquelles le harcèlement. Mais des manifestations
plus discrètes peuvent dégénérer si elles sont ignorées: anxiété, dépression, isolement
ou à l’inverse surinvestissement dans le travail. Les risques psychosociaux sont liés à des
situations difficiles – telles que les PSE – plus qu’à des fragilités personnelles: nous sommes
tous concernés. L’IPNES a estimé que 19% des Français de 15 à 75 ans ont connu ou
connaîtront un épisode dépressif au cours de leur vie.
Comment se manifestent les risques psychosociaux lors d’un PSE?
Les PSE provoquent une instabilité au quotidien, générée par la réorganisation des
postes, mais surtout une insécurité socio-économique, chez les salariés comme chez les
responsables, liée à l’éventuelle perte de l’emploi et à la difficile réinsertion professionnelle.
Comment prenez-vous en charge ces risques?
Cela passe par la détection des situations difficiles ou à risque. Chez QualiSocial, nous
nous appuyons sur les relais de soutien déjà existant au sein de chaque entreprise: les
médecins du travail, le CHSCT – comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail
– les délégués syndicaux ou du personnel. Nous apportons également, en complément,
notre soutien externe, neutre et indépendant. Nos interventions prennent plusieurs formes:
réunions d’information auprès des salariés; formation et sensibilisation des managers;
permanences psychologiques en entreprise. Le moyen le plus utilisé, pour sa discrétion
notamment, est la cellule d’écoute psychologique, joignable 24h/24 et 7j/7 par les salariés.
La prise en charge, effectuée par des professionnels de l’écoute et des psychologues
spécialisés, est immédiate. Si nécessaire, elle peut être suivie d’un accompagnement
psychologique gratuit pour les salariés et/ou les membres de leur famille, sur cinq à huit
séances.
Vous intervenez quand les «choses vont mal» mais traitez-vous le mal à la racine?
Nous intervenons à un niveau individuel, en accompagnant les salariés qui nous sollicitent
avant que leurs difficultés ne prennent de l’ampleur. Mais nous agissons aussi sur le
collectif en amont, par la formation, la mise en place de groupes de travail réguliers et par
la cellule d’écoute (avec une section de professionnels spécialisés aux problématiques de
management). Ces dispositifs permettent d’obtenir plus de souplesse dans l’organisation du
travail sans la contrainte d’une remise en cause totale d’un système. Chez Qualisocial, nous
suivons l’adage d’aider et d’apprendre au pêcheur à mieux pêcher plutôt que de le faire à sa
place.
Quelles préconisations porteriez-vous en entreprises lors d’un PSE?
Déjà, une meilleure communication: en période de trouble, la parole est risquée et difficile à
libérer. Paradoxalement, c’est surtout dans ce contexte qu’elle est attendue. S’appuyer sur
un organisme tiers témoignant d’une position neutre aide l’entreprise à rompre le silence.
Nous mettons par ailleurs à disposition des salariés comme des encadrants des clés pour ne
pas rester seuls face à leurs difficultés. Le déni du mal-être est un terreau fertile des risques
psychosociaux, si ce n’est le nid de leurs progressions.