Le nucléaire, une énergie d’avenir ?
La déclaration d’Arnaud Montebourg, qui évoque une « filière d’avenir » à propos du nucléaire a suscité la polémique alors que le candidat socialiste s’était engagé lors de la campagne à amorcer une sortie du nucléaire. Pourtant, au-delà des formules politiques, l’exploitation du nucléaire emploie plus de 40 000 personnes en France selon les chiffres de l’Autorité de Sécurité Nucléaire. La décision « politicienne », selon Nicolas Sarkozy, pourrait n’avoir cours que le temps d’un quinquennat, voire moins…
Le retard du projet de loi sur la transition énergétique laisse envisager une nouvelle orientation du gouvernement. En faisant un peu de politique fiction, on imagine assez bien les conséquences des échéances électorales de 2013 (élections municipale et européenne). Alors que le Front National vient d’atteindre un niveau historique dans les sondages d’opinion (37% d’opinion favorables selon Valeurs Actuelles), la nouvelle donne politique pourrait bien s’accompagner d’un renouvellement de la majorité gouvernementale. En effet, Europe Ecologie Les Verts pourraient alors être poussé vers la sortie laissant libre place aux productivistes de gauche pour réinstaller le nucléaire au centre de la politique énergétique française.
En dehors du contexte politique national, d’autres éléments viennent appuyer cette thèse d’un retour en grâce de l’atome parmi nos dirigeants. C’est notamment vrai de l’ambition affichée par le Ministère du Développement Durable de faire de la France la Nation de « l’excellence environnementale ». Paris accueillera en 2015 la conférence mondiale sur le climat et devra à ce titre assumé un leadership sur les questions du changement climatique. Or, on le sait, avec la reprise de la croissance mondiale, les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre vont plus que jamais difficiles à atteindre.
Le rapport de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) vient de publier un document, dans lequel il met en garde contre une réduction de la part du nucléaire à 50% du mix énergétique à l’horizon 2025. Selon les rapporteurs, Bruno Sido et Jean Yves Le Déaut, deux principales raisons viennent justifier qu’on change l’orientation de notre politique énergétique : les faiblesses techniques des énergies alternatives et le « choc énergétique » imposés aux ménages les plus pauvres en cas de sortie du nucléaire trop rapide…