Les politiques sont-ils si déconnectés de l’économie ?
Une des critiques récurrentes adressées à l’appareil politique est la méconnaissance des dossiers économiques. Souvent issus de l’ENA, les hommes politiques n’ont jamais côtoyé le monde de l’entreprise et se retrouvent au pouvoir avec des notions floues en macroéconomie et une expertise quasi inexistante du secteur privé.
Un ministre en chasse un autre mais une constante demeure : l’absence notable d’expérience dans le secteur privé sur leur CV. Cela est assez inquiétant dans la mesure où nos ministres prennent des décisions (éclairées) qui doivent permettre à la France d’être un acteur économique qui compte dans la compétition internationale. Mais pour être le moteur de la grande machine qu’est l’Europe – première puissance économique mondiale – les mesures politiques doivent faire sens.
Du sens, les entrepreneurs et patrons en demandent à un Gouvernement qui multiplie les appels du pied mais qui utilise ses mains pour prendre tout ce qui dépasse. Impôts par-ci, taxe par-là, contribution exceptionnelle, tous les moyens sont bons pour se refaire la cerise. Mais ce qui est bon pour l’Etat à court terme est très mauvais pour les entreprises à court, moyen et long termes.
Lorsque les hommes politiques sont issus du privé ou qu’ils y ont encore un pied la suspicion est de mise. Y a-t-il un conflit d’intérêt entre l’activité politique et privée d’un élu ? La question est sur toutes les lèvres depuis le scandale Cahuzac. Difficile dans ces conditions d’avoir des parlementaires bien au fait des réalités de l’entreprise.
Dans ce désert bien aride on peut toutefois souligner des initiatives qui permettent un rapprochement entre professionnels de la politique et le monde de l’entreprise. Conscient du gouffre qui sépare ces deux mondes, le député Olivier Dassault a cofondé Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés (GEEA). Réunissant une centaine de parlementaires, ce groupe vise à un rapprochement bien utile entre les deux sphères.
Ce pas est important mais ne doit pas rester isolé. On peut d’ailleurs saluer la politique du Sénat qui organise depuis une quinzaine d’années les journées Tremplin entreprises qui permettent à des entreprises innovantes de se faire connaître et de trouver des financements nécessaires à leur développement.
D’autres initiatives pourraient être citées car allant dans le bon sens mais il est évident que le cœur du problème qui – la ligne de fracture importante entre le monde politique et l’entreprise – ne pourra être résorbé qu’avec du temps et un renouvellement des élus plus souvent issus d’une réalité qui demeure le quotidien d’une majorité de Français.