Le coût de l’Europe pour la France
L’Europe est une chance ! Les hommes politiques se font un devoir de nous le rappeler chaque jour, mais omettent pourtant de dire que cette chance à un coup politique et financier. L’art du compromis est salué à la moindre décision prise par les 27 membres de l’Union. L’art d’être perdant dans la grande loterie européenne des aides et redistribution est quant à lui peu mis en avant. Et pour cause, la France est perdante…
Les Français se plaignent de toutes les contraintes juridiques qui leur sont imposées via des directives européennes trop souvent obscures pour le quidam. Le raz le bol se vérifie dans les urnes avec un vote pour les extrêmes qui tend à s’inscrire dans la durée. L’Europe devient liberticide – ou tout du moins est perçue comme telle – et ne parvient plus à fédérer des peuples qui ne comprennent pas les politiques menées par Bruxelles.
L’Union européenne est porteuse d’espoirs fous. Certains sont devenus réalité. La fin de la guerre entre les ennemis d’hier, l’accroissement des échanges, la liberté de mouvement… Toutes ces choses encore impossibles il y a quelques années font partie du paysage commun à plus de 500 millions d’Européens. Malheureusement le beau fruit européen est investi par un ver bien malfaisant. L’Europe donne plus qu’elle n’offre et est devenue une contrainte plutôt qu’un élément émancipateur.
Ce changement total de paradigme est un grand danger et est alimenté par des chiffres qui font monter la colère chez une grande majorité de la population. En Grèce et dans les autres pays du Sud qui meurent non pas de la crise, mais de la réponse inadéquate apportée par la Commission européenne et le FMI. Dans les pays du Nord (où l’on inclura par défaut la France) ce sont les dépenses pour donner à l’Union un budget crédible qui posent de plus en plus problème.
I want my money back
La célèbre apostrophe de Margaret Thatcher lâchée en 1979 à l’occasion d’un sommet réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement est toujours d’actualité. Pourquoi donner beaucoup à une institution si ce n’est que pour recevoir peu en retour ? La fermeté britannique a payé et il faut croire que les insulaires ont eu raison puisque le rabais britannique est toujours en vigueur.
Dindon de la farce, la France prend en charge une partie substantielle de ce rabais avec 1,5 milliard d’euros dépensés « en plus » chaque année pour ficeler le budget européen. Paris verse une contribution de l’ordre de 21 milliards d’euros chaque année (21,917 milliards d’euros en 2013, ce qui en fait 2e contributeur derrière l’Allemagne), mais n’est que le 3e bénéficiaire en termes de dépenses effectuées sur son sol avec 13,2 milliards d’euros. Un trou de plus de 8 milliards qui ne fait pas grand bruit et dont les politiciens français n’aiment pas parler.
Où va donc l’argent versé par le contribuable français ? Dans les pays les moins riches de l’Union. Si la France n’a un trou que de 8 milliards d’euros, c’est qu’elle récupère une somme importante de la Politique Agricole Commune (PAC) avec environ 8 milliards d’euros. En d’autres termes, le jour où la PAC disparaît, la France n’aura plus aucun intérêt à participer à hauteur de 20% au budget européen.
Ces choses sont rarement discutées, car beaucoup trop explosives. Il est en effet difficile de tenir des discours dans lesquels l’Europe est décrite comme protectrice alors que la réalité la montre plutôt comme peu scrupuleuse de l’égalité entre ses membres.
Que les règles européennes soient dévoilées au grand jour ou que l’on essaie de faire passer des directives qui vont contre l’intérêt du consommateur, le résultat est souvent le même pour le citoyen français et européen. La nouvelle lubie de Michel Barnier, Commissaire européen aux Services, qui souhaite supprimer les commissions d’interchange est un exemple parmi tant d’autres qui font de l’Union européenne une institution de plus en plus malaimée.
Certains observateurs diront qu’à force de tendre le bâton pour se faire battre, l’inéluctable arrive. L’Union européenne ne peut plus fonctionner ainsi et des pays comme la France où les discours sur la justice sociale fleurissent comme des fleurs au printemps doivent se poser les bonnes questions. Est-il socialement et démocratiquement responsable de continuer avec un système qui dysfonctionnel tant ?