Exception culturelle : la régulation, seule garantie de diversité ?
Alors que s’ouvrent ce vendredi les négociations de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, le concept d’exception culturelle, notamment défendue par le gouvernement français est au coeur des discussions. Et de plus en plus de voix (y compris hors de France) dénoncent le risque d’une libéralisation excessive de la culture… et la mort annoncée de la diversité culturelle.
Selon le directeur général adjoint de l’association UniFrance Films (qui promeut l’exportation du cinéma français), Xavier Lardoux, interviewé sur le site TheMediaShaker, l’exception culturelle a permis de sauvegarder la diversité de la production cinématographique hexagonale. Une diversité qui selon lui n’a pas survécu dans d’autres pays où la production n’a pas bénéficié d’un soutien public.
« Nous avons en France la chance d’avoir un système de régulation dans les salles de cinéma qui grossomodo interdit pour un établissement de présenter plus de 30% de ses séances pour un même film. C’est fondamental. Dans d’autres pays c’est souvent un seul même film qui prend la place de tous les écrans. La France a réussi à imposer cette diversité cinématographique« , explique M. Lardoux qui souhaite voir s’exporter « le modèle français de régulation » à travers le monde plutôt que de le voir remis en cause.
Un message partagé par le réalisateur belge Lucas Belvaux qui affirme que « le principe d’une libéralisation de la culture est tout simplement aberrant« . Fortement mobilisé sur le sujet, le cinéaste a rencontré la semaine dernière le président de la Commission européenne José Barroso en compagnie notamment de l’actrice Bérénice Béjot (photo ci-dessus).
« Si les services audiovisuels et le cinéma sont au programme de ces tractations entre l’UE et les Etats-Unis, elles deviendront une monnaie d’échange comme une autre. Or, l’exception culturelle est non négociable« , a précisé Lucas Belvaux, rejoignant ainsi les prises de position répétées du gouvernement français et de sa ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.
Dans une tribune au Monde, parue jeudi, elle a réaffirmé que l’exception culturelle était une « ligne rouge » et que la France userait de son droit de veto si les négociations entre l’UE et les USA incluaient les questions culturelles.