Controverse : la fin des verrous pour les livres numériques ?
En tout cas, la maison d’édition Tor l’a tenté. Depuis un an, elle a fait sauter les verrous (appelés DRM) qui protègent les livres numériques. Résultat : il y aurait plus de clients satisfaits que de piratage.
Les DRM sont des dispositifs visant à contrôler l’utilisation qui est faite des œuvres numériques. Dans le cas des livres, ils empêchent la copie privée : c’est-à-dire de les copier et de les transférer sur plusieurs appareils.
Tout d’abord prévus pour éviter de pirater les œuvres (en les copiant de manière abusive et en les diffusant illégalement), les DRM engendrent également des contraintes pour le propriétaire, qui ne peut ni transférer ses livres sur ses différents appareils, ni les prêter à qui il voudrait.
Ces mesures, certes destinées à protéger les œuvres, amènent de nombreux mécontentements. On leur reproche leur inefficacité : il est facile de les faire sauter soi-même avec quelques manipulations. Mais, on les accuse également de gêner le client honnête, qui ne peut pas disposer des livres qu’il a acheté comme il le souhaite.
Suite à ces plaintes répétées, l’éditeur de fantaisy et SF « Tor » a décidé de retirer les verrous de tous ces livres. Un an après cette décision, c’est l’heure des premiers bilans. Et apparemment, l’opération est un franc succès. Les clients sont ravis, et la plus grande peur de l’éditeur, le piratage, n’a pas augmenté, même pour les auteurs de best-sellers. C’est-à-dire que même si les livres peuvent être copiés, ils ne sont pas pour autant partagés illégalement, les lecteurs continuent de les acheter. D’après Julie Crisp, l’une des éditrices du groupe, c’est parce-que « les lecteurs sont opposés au piratage ».
Est-ce-que d’autres prendront leur suite ? C’est possible. J.K.Rowling, l’auteur de « Harry Potter » a installé sur les éditions numériques de ses œuvres une protection appelée « watermarking » : chaque livre peut être copié, mais garde la signature du premier acquéreur, qui devient facilement retrouvable s’il distribue son exemplaire de manière illégale. Par contre, pour Arnaud Nourry, PDG du groupe Hachette, la question ne se pose pas encore. Il avait déclaré l’année dernière que ce serait « trop contraire à la défense de droit moral » de les abandonner, car « en France [… ] on ne sait pas qu’on a pas le droit de faire des copies librement ».