Chômage, baisse du pouvoir d’achat et fracture sociale: le bon cru de 2013
Le coutumier « bonne année » adressé machinalement à son entourage se teinte d’ironie cette année. Inégalités aggravées face au chômage et hausse généralisée des tarifs liée aux produits et services de la vie courante alimentent le pessimisme des français et les clivages sociaux.
Les prédictions économiques n’ont pas miraculeusement changé à l’occasion du changement d’année. 2013 devra compter avec une hausse mécanique du chômage car l’économie française détruit des emplois à tour de bras alors que parallèlement la population active croit du fait de la dynamique démographique.
Les français ne sont pas tous égaux face à cette dure réalité. Les femmes sont l’une des premières variables d’ajustement en temps de crise, et celle-ci ne fait pas exception à la règle. La crise a en effet fini par toucher le secteur des services où l’emploi féminin est le plus représenté, et le chômage féminin a désormais dépassé celui des hommes.
Les inégalités sont encore plus tranchées quand on se penche sur les classes d’âge. Près d’un jeune sur quatre présents sur le marché du travail ne trouve pas d’emploi.non seulement l’insertion professionnelle s’est encore durcie, mais la grande majorité des embauches (80%) se font en CDD à l’heure actuelle. Dans le cas des jeunes peu ou pas diplômés, le risque d’être confronté à un chômage durable s’en trouve considérablement accru.
La situation est aussi difficile pour les séniors. A la suite de la réforme des retraites de 2010, les 55-64 ans doivent rester plus longtemps sur le marché du travail afin de s’assurer une pension complète. Pour autant, ils sont nombreux à rencontrer des difficultés pour rester actifs. Le taux de chômage des plus de 50 ans a augmenté de 66% depuis 4 ans. Une situation qui risque d’alimenter le nombre de jeunes retraités vivant sous le seuil de pauvreté à l’avenir.
Enfin, les inégalités face au chômage sont également visibles en fonction de la catégorie socioprofessionnelle. Si toutes les CSP ont été touchées par la hausse du chômage, les ouvriers connaissent la hausse la plus significative, et les ouvriers non qualifiés trinquent encore davantage.
Alors que le marché de l’emploi est considérablement dégradé, l’augmentation des tarifs liée au commencement de la nouvelle année fragilise encore les plus démunis. Hausse du tarif du gaz (+2.4%), majoration de la taxe de la bière de 160%, augmentation du prix des timbres (+2.8%), une redevance audiovisuelle qui passe de 125 à 131 euros en métropole ou encore des prix des billets de train qui suivent l’inflation et devraient également progresser de 1.9%, les français ont quelques ajustements budgétaires à envisager pour 2013.
D’un autre coté, les français les plus riches manifestent leur agacement et ils sont nombreux à partir, à commencer par Gérard Depardieu. Une polarisation de la société française nuisible au climat social et qu’Arnaud Dupui-Castérés, président de Vae Solis Corporate, cabinet de conseil en stratégie de communication de crise, analyse comme suit : « Même si la polémique lancée par Gérard Depardieu arrive en fin d’année, elle est emblématique d’une dégradation des rapports entre des franges de la population. Les récentes enquêtes témoignent, à ce titre, d’un clivage fort au sein de la population mais aussi de graves problèmes de compréhension, à la fois de la situation mais aussi des arguments des camps opposés ».
Pour preuve, la vidéo des communistes pour le moins incisive souhaitant une « Bonne année de luttes ». Un souhait acide connoté « lutte des classes » sans doute motivé par l’annulation de la mesure des 75% par le Conseil constitutionnel et les exils fiscaux de nos stars nationales.
Un leitmotiv également repris par Jean Luc Mélenchon dans son blog, dans lequel il critique vivement François Hollande, ou encore par Benoît Hamon, qui a ironisé récemment sur les grands patrons à l’occasion d’une intervention RTL.