Eolien offshore : les dessous d’une révolution énergétique
La guerre de l’éolien offshore aura bien lieu. Les géants du secteur énergétique ont répondu la semaine dernière à l’appel d’offre du gouvernement pour l’éolien offshore. En jeu, la construction et l’exploitation de 500 à 600 turbines éoliennes géantes qui devraient fournir 3 gigawatts d’électricité, soit l’équivalent de trois centrales nucléaires.
EDF en pôle-position pour l’exploitation, Alstom et Areva pour la fabrication
EDF Energies Nouvelles (EDF EN), la filiale énergies renouvelables d’EDF semble en pôle-position dans cette course aux contrats géants. Le consortium qu’elle pilote (avec Dong Energy, Wdp Offshore et Nass&Wind Europe) est présent sur quatre des cinq lots de l’appel d’offre (Saint-Nazaire, Saint-Brieuc, Courseulles-sur-Mer et Fécamp) et semble bien placé pour remporter la majorité des lots.
L’électricien public, qui a choisi Alstom pour lui fournir les turbines, est en effet le seul à proposer des éoliennes « entièrement fabriquées en France » et promet la création d’une « véritable filière industrielle pérenne et à terme exportatrice d’une technologie française » avec pour objectif la création à terme de 7.500 emplois.
Le principal outsider de EDF EN est le consortium piloté par GDF Suez (avec Vinci et la Caisse des dépôts) qui a également candidaté pour 4 lots (Courseulles-sur-Mer, Dieppe-Le Tréport, Fécamp et Saint-Brieuc) et compte s’appuyer sur le savoir-faire d’Areva et Siemens pour la construction des turbines. Le consortium de GDF Suez assure pour sa part des éoliennes à « 80% françaises ».
Areva est d’ailleurs bien positionné pour la construction des turbines puisque le troisième consortium en lice, celui mené par l’espagnol Iberdrola, a également choisi le groupe français (ainsi que Technip) pour la construction des turbines.
« Nous voulons faire du développement de l’éolien offshore l’opportunité de créer en France une filière industrielle d’excellence. Je me réjouis que les consortiums concurrents aient d’ores et déjà affiché des perspectives d’emplois en France très significatives. De l’ordre de 10.000 emplois pourraient être créés dans notre pays », a d’ailleurs affirmé le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Eric Besson. Des emplois qui seraient à la fois liés à la construction des éoliennes (phase de 3 à 6 ans) et à leur exploitation (20 ans et plus).
L’Etat qui fait du développement des énergies nouvelles une priorité, a consenti des investissements à hauteur de 10 Milliards d’Euros pour l’appel d’offre sur l’éolien offshore. La présélection des dossiers doit avoir lieu dès avril prochain et l’attribution finale des dossiers retenus en 2013.
Un deuxième appel d’offre en préparation
La stratégie des pouvoirs publics est de hisser d’ici 2020 à 23% la part des énergies renouvelables dans le mix électrique français. Pour ce faire, le gouvernement doit lancer dans les mois à venir (la date n’est pas encore connue) un deuxième appel d’offre de taille équivalent.
500 à 600 turbines supplémentaires qui porteraient la capacité de production de l’éolien offshore à 6 gigawatts, soit l’équivalent de 6 réacteurs nucléaires. L’objectif affiché est de faire passer la production d’énergies marines à 3,5% de la production totale française, toujours à l’horizon 2020.
Si la volonté de l’Etat semble intact, l’éolien offshore est toutefois confronté à de fortes polémiques dans les zones d’implantation. Des riverains d’un précédent appel d’offres en Normandie, ont déposé plainte pour nuisance visuelle et gelé le projet. Les éoliennes offshore provoquent par ailleurs les craintes du secteur touristique des zones concernées.