Le Crédit Agricole va supprimer 2 350 postes
Un résultat dans le rouge et de lourdes dépréciations : Crédit Agricole SA est en plein dans la crise alors qu’il fête ses dix de cotation. Prise dans la tourmente de la crise financière, l’historique « banque verte » veut agir vite pour montrer sa réactivité. 2 350 suppressions de postes sont prévues.
Crédit Agricole SA est actuellement restreint dans son accès au refinancement sur les marchés financiers. Cette situation s’explique notamment par la décision de Fitch Ratings de ramener la note de la banque de « AA- » à « A+ ». La raison invoquée par l’agence de notation : des ratios de capitaux qui, s’ils sont conformes aux normes bancaires internationales, sont inférieurs à ceux des banques concurrentes. Mais Crédit Agricole SA est surtout pénalisé par une trop forte exposition aux difficultés financières des banques de la zone euro.
Il faut dire que la banque française enregistre des dépréciations qui se chiffrent à 2,5 milliards d’euros au quatrième trimestre 2011, a indiqué Jean-Paul Chifflet, le directeur général de Crédit Agricole SA. Sur ces 2,5 milliards d’euros de dépréciations, 1 milliard d’euros concerne des dépréciations dans deux banques étrangères Bankinter (Espagne) et Banco Espirito Santo (Portugal). À cela s’ajoute notamment 1,3 milliard d’euros sur des écarts d’acquisition dans l’activité de banque de financement et d’investissement.
Crédit Agricole SA s’est donc lancé dans un plan de redressement qui donne priorité à la banque universelle de proximité tout en recentrant les activités de banques de financement et d’investissement (BFI), ce secteur étant un très gros consommateur de fonds.
Crédit Agricole SA indique avoir déjà réalisé 9 milliards d’euros d’économie de consommation de liquidités sur les 50 milliards d’économies prévus d’ici la fin 2012. Mais il faut aller plus loin. Après BNP-Paribas et la Société générale, c’est au cours du Crédit Agricole de réduire ses effectifs avec 2 350 fermetures de postes prévues. Elles concerneront 1 750 postes dans les activités de banque de financement et d’investissement (BFI) et 600 dans les activités de services financiers spécialisés comme le crédit à la consommation, le crédit-bail ou l’affacturage.
Le plan de sauvetage concernera également des économies dans les différentes activités de la banque. En BFI, 18 milliards d’économies seront réalisées avec la suppression des activités de commodities (matières premières) et le recentrage sur des activités de services aux grands clients et de distribution, plutôt que d’intermédiation. « Nous réinventons notre modèle de façon plus radicale que nos concurrents. Nous voulons continuer d’accompagner nos clients dans les financements de projets […]. Mais la banque gardera désormais une part moindre des encours sur son bilan, de l’ordre de 20 % » a ainsi indiqué Jean-Paul Chifflet.
Toutefois, la banque de proximité qui concerne une large part de l’activité en France ne sera pas touchée. Les postes seront conservés et l’épargne des Français sera réorientée vers l’épargne bilantielle comme les comptes sur livrets. Le groupe, qui comprend les caisses régionales, restera d’ailleurs bénéficiaire d’environ 1 milliard d’euros.