Désindustrialisation de la France : la faute aux délocalisations ?
La désindustrialisation n’est pas un phénomène propre à la France et touche à divers degrés l’ensemble des économies occidentales. Entamé à la fin des années 1970, ce mouvement de désindustrialisation a notamment entraîné un recul de l’emploi industriel, un recul de la contribution du secteur secondaire au PIB et une forte croissance du secteur tertiaire (services).
Entre 1980 et 2007, l’industrie français a perdu 1,9 millions d’emplois, soit plus d’un tiers de ses effectifs et son poids dans le PIB est passé de 24% à 14% au cours de la même période. Pourquoi ?
Paradoxalement, et au-delà des fantasmes sur les délocalisations, la première cause de désindustrialisation en France est à chercher dans l’externalisation en France d’une partie des activités industrielles vers le secteur des services. Une migration nationale qui représente 25% des pertes d’emplois industriels… et donne une fausse impression de désindustrialisation, les emplois étant juste passés d’une catégorie à une autre sans disparaître pour autant.
Autre cause majeure de pertes d’emplois industriels (et toujours pas de délocalisation) : la déformation de la structure de la demande qui a accompagné les gains de productivité aurait entraîné près de 30% des pertes d’emplois du secteur industriel. Les gains de productivité enregistrés dans l’industrie conduisent dans un premier temps évidemment à réduire les besoins de main-d’œuvre dans ce secteur.
Ces gains de productivité induisent certes, en contrepartie, une baisse des prix des biens industriels et, par suite, une hausse de leur demande, mais cet effet ne compense que partiellement l’effet premier de réduction de maind’œuvre en raison d’une substituabilité limitée entre ces produits et les autres biens de l’économie.
En second lieu, les gains de productivité réalisés dans l’ensemble de l’économie entraînent une hausse du revenu des agents, qui se traduit, dans les économies développées, par une modification de la structure des dépenses des ménages au profit des services et au détriment des biens industriels.
Au final, l’impact des désindustrialisation, bien que difficilement quantifiable, ne représente que la troisième cause dans les délocalisations industrielles (13%).